Il y a quelques semaines, La Presse+ a publié un dossier bien étayé sur la situation des villes et villages en dévitalisation, voire en voie de disparition au Québec. Si cette réalité est bien présente dans certains endroits, j’aurais aimé qu’on présente également quelques initiatives innovantes et stimulantes pour démontrer que tout n’est pas perdu quand des citoyens et citoyennes se mettent en marche. Pourquoi? Parce que notre regard est influencé par le lieu dans lequel on vit et la fenêtre vers l’extérieur est souvent ce que nous montrent les médias. Ça m’énerve un peu.
Deux exemples qui démontrent bien que c’est possible, l’un fortement documenté: le village de Saint-Camille, en Estrie. L’autre, moins connu, la Contrée en Montagne de Bellechasse, regroupant quatre municipalités qui font des projets de développement en commun. Dans ces deux projets, le point de départ est la dévitalisation de la communauté : perte de population, fermeture des commerces et services de proximités, vieillissement de la population, etc. Aujourd’hui, à Saint-Camille, on accueille des nouveaux résidents en misant sur le paysage et l’accès à Internet, l’école est bondée et on transforme l’église en salle de spectacle. Dans la Contrée, une microbrasserie vient d’ouvrir avec l’appui et l’aide des 4 maires des municipalités. On a dépassé les guerres de clochers pour aller de l’avant.
J’ai eu la chance de visiter Saint-Camille et de parler avec des initiateurs de ce qui est devenu la Contrée en Montagne de Bellechasse. Voici ce que j’en retire :
- Les citoyens sont la clé : dans les deux initiatives, ils ont été fortement impliqués ou sont carrément les initiateurs du changement. Ils ont envie de vivre et participer à la vie de leur milieu.
- Les élus sont primordiaux : ce sont les citoyens qui les ont élus, ils ont la légitimité et le devoir de faire bouger les choses.
- Les projets innovateurs et rassembleurs sont le moteur de la revitalisation. Ces projets existent dans la tête et le coeur des gens, ils faut leur donner de l’espace. Trop souvent, on mise sur de gros projets industriels. C’est fini ce temps-là (bon, je l’ai dit)!
- Les projets collectifs demandent plus de temps, notamment pour se connaître et se reconnaître, mais durent plus longtemps et amènent des retombées pour l’avenir!
- Trouver des leviers financiers est aussi un aspect important, dans l’optique où on définit le projet avant de trouver le financement et non l’inverse.
Ces exemples démontrent bien, à mon avis, que les communautés doivent trouver leurs propres chemins, à travers et avec leurs propres réalités. Elles ont besoin de temps et de moyens pour y arriver, mais ont en leurs mains l’énergie et la passion de leur villes, leurs villages et leur héritage. Il serait grand temps de miser là-dessus. Malheureusement, nous avons perdu dernièrement des leviers forts qui supportaient ces belles initiatives : le pacte rural et Solidarité Rurale du Québec. J’en profite pour leur lever mon chapeau. Depuis que je sillonne le Québec, j’ai pu voir l’étendue des retombée du travail des agents ruraux, notamment. Bravo à vous!
Pour en savoir plus:
- Un reportage sur Saint-Camille : Saint-Camille, les irréductibles
- Un article de Québec Municipal : Entrevue avec Mme Carole Brunet, agente de développement au CLD de la MRC de Bellechasse
Bon, certains d’entre vous diront que c’est beaucoup plus difficile de ce revitaliser quand on fait partie de villages éloignés et je vous donne raison. Toutefois, certains y parviennent. Je pense notamment au village de Lac-Édouard en Haute-Mauricie. D’autres idées??