Aménager le territoire, c’est tenter de répondre au mieux à la question suivante: «Dans quelle ville ou dans quel modèle d’occupation du territoire souhaitons-nous vivre?» Y répondre nous amène sur le terrain politique, car c’est là que les décisions seront prises, sur la base d’une vision éclairée pour orienter, réguler et accompagner les forces de construction des territoires, en vue de la forme ou du modèle de villes et de campagnes souhaitées, en phase avec les réalités du monde actuel et anticipé, et du projet de société. Dans cette opération, le terrain politique est partagé entre l’État et les collectivités territoriales.
Le XXe siècle aura été le siècle de la concentration économique et démographique sur quelques pôles urbains, un mouvement qui s’est amplifié après la deuxième guerre mondiale dans la plupart des pays. Le Québec n’a pas échappé à ce mouvement d’hyperconcentration sur les agglomérations métropolitaines de Montréal et de Québec.
Environ 61% de la population du Québec et 67% de la valeur de la production (PIB) sont concentrés dans ces deux grandes villes. Les facteurs de localisation des entreprises et les besoins de proximité des travailleurs et des consommateurs expliquent en grande partie cette forte concentration. Parallèlement, la vie en région s’est érodée, marquée par le déclin, la dévitalisation des petites villes et villages, et l’exode. Une fracture s’est créée entre ces deux pôles et le reste du territoire, générant des inégalités économiques et sociales. Dans leur croissance, Montréal et Québec ont siphonné les ressources et le capital humain des régions, tout autant que les aides publiques consacrées au développement territorial.
Les signes d’un desserrement à l’avantage des régions
Le modèle métropolitain hyperconcentré suscite le plus d’insatisfaction, de dysfonctionnements, dont les correctifs requièrent des milliards de dollars de la part des contribuables. À Montréal, l’échangeur Turcot, les nouvelles lignes de métro, le Réseau express métropolitain (REM), l’élargissement et la construction d’autoroutes, la réhumanisation de la dynamique sociale, le verdissement des quartiers, la sécurité publique, etc. À Québec, le bourbier du projet du réseau de transport structurant (tramway) et ses coûts, le projet hautement controversé du troisième lien entre les deux rives, le réseau autoroutier, les mesures de densification, les centres d’achat versus les commerces de proximité, etc.
Ce modèle se fissure alors qu’il démontre son inadaptation, à maints égards, aux réalités de la société actuelle issues d’évolutions récentes et en cours, sur les plans économique, technologique, social et environnemental. Plusieurs fuient les grandes villes. L’exode urbain a fait perdre 409 916 personnes à Montréal dans ses échanges interrégionaux entre 2001-2002 et 2019-2020. Si l’on considère uniquement le nombre des « sortants », ce sont 1 092 262 Montréalais qui ont quitté la métropole depuis 2001-2002, dont 62 936 au cours de la dernière année. À Québec, sans être négatifs, les soldes migratoires sont faibles soit une moyenne annuelle de 582 pour la même période.
Alors que les grandes agglomérations font face au départ d’une partie de leur population, les régions témoignent d’une attractivité reconquise. La situation est exacerbée dans le contexte de la pandémie, mais il faut y voir l’exposition au grand jour d’un mouvement qui s’avère de plus en plus irréversible: la renaissance des régions, de leurs villes petites et moyennes et de leurs territoires ruraux.
Le XXIe siècle s’amorce sur une nouvelle tendance qui est appelée à s’amplifier, celle de l’éclatement de la grande ville au bénéfice du réseau des villes et villages en région. Ce qui ne signifie pas le déclin ou la mort des métropoles (contrairement à ce que prédisent certains auteurs), mais un meilleur partage de la croissance entre celles-ci et les régions.
4 réponses
Le concept d’habitat diffus, l’accès à la propriété, l’approche par bassin versant, le droit de rester sur une petite terre agricole, l’UPA (union des producteurs agricoles, le MAPAQ, la CPTAQ tous les ministères et organismes créés et financés , le prolongement d’eux-mêmes, dont les MRC doivent s’ajuster à un mouvement de la population en déplacement vers l’achat de maison les moins chers. Mais surtout s’entendre sur une modernisation de leurs lois et règlements. Il y a eu les États généraux du monde rural. On se bute encore aujourd’hui aux mêmes problèmes. Nous avons l’indignation fatiguée. En milieu rural les réseaux de citoyens se forment et sont attractifs. Des nouvelles entreprises de 2 ou 3 ième transformation comme projets. Avec des jeunes familles et des entrepreneurs (res) surtout des femmes, et ont une formation dans plusieurs disciplines. Un vent d’air frais arrive dans les populations vieillissante et une nouvelle façon de vivre aussi. Une nécessité Internet. être à l’écoute de se qui se passe, différente à chacune des régions, le temps est à l’ajustement et à la souplesse. Plusieurs modèles sont à bâtir.
Il faut savoir lire les statistiques Monsieur Gibeault. Bien que plusieurs Montréalais qui quittent la métropole font le choix de s’établir en banlieue et dans les régions limitrophes, une part significative décide de vivre en région intermédiaire et éloignée, et ce, pour un diversité de raisons. Cet apport de nouveaux résidents est tel que dans la majorité des régions intermédiaires et éloignées les mouvement d’exode des 70 dernières années ont pu être inversés. Oui, les régions avec leurs villes petites et moyennes et villages sont devenus plus attractives dans le contextes des évolutions économiques, technologiques, sociales et écologiques en cours. Ignorer ces réalités et persister à défendre un aménagement du territoire hyperconcentré sur deux pôles et des régions en mal de développement, c’est ramer à contre-courant. Alors que l’idéologie de la métropolisation fait l’objet de maintes critiques, les régions sont de plus en plus perçues comme des territoires d’avenir.
Encore cette illusion que Montréal perd sa population en faveur des Régions. Oui, Montréal perd des citoyens mais pas en faveur des Régions. Ce sont ces banlieues de plus en plus éloignées qui en profitent : Repentigny, l’Assomption et même Joliette; Terrebonne, Mascouche, Blainville, Lachute et même St-Jérôme et St-Saveur; Mercier, Varennes, Vercchère, St-Bruno et même St-Jean-sur-Richelieu.
D’où cette »nécessité » des construire des »projets structurants », des REM sur terre, sous terre et dans les airs!!! Et calculez les ponts et autoroutes construits depuis 20 ans autour de Montréal. Évaluez les coûts de ces milliers d’autos qui chaque matin et soir, brûlent de l’essence et émettent des gaz à effet de serre, très souvent en attendant de pouvoir bouger … Et retenez que tout ça sur les meilleures terres agricoles du Québec.
Alors M. Vachon, cessez de dire que les Régions renaissent. Vos analyses ne tiennent compte que d’une illusion que vous vous acharnez à répéter. Montréal est devenu une pieuvre tentaculaire en trains de vassaliser le reste du Québec, économiquement et politiquement.
Et si on abordait le sujet sous l’angle de la décroissance indissociable de la diminution des émissions de GES? Et si on abordait le sujet sous l’angle de l’épuisement des ressources minérales, du pétrole et de l’appauvrissement des terres agricoles, ça donnerait quoi comme modèle de développement du territoire? Et si on arrêtait de penser que demain va être une continuité d’hier?