Le développement des régions est un thème récurrent depuis des décennies. Mais, cet objectif particulièrement présent dans les discours politiques des campagnes électorales est vite reconduit dans l’oubli et l’indifférence aux lendemains des scrutins.
Plutôt que d’être irrigué par la croissance des grands pôles urbains et redynamisé par des politiques appropriées et vigoureuses de développement régional, le Québec des territoires est victime d’assèchement par l’hyperconcentration des forces économiques et démographiques sur les agglomérations de Montréal et de Québec qui drainent talents et capitaux, ressources naturelles et soutien de l’État, et par des politiques peu sensibles aux réalités des petites villes et communautés rurales. Mais, plusieurs signes permettent de croire que les choses changent. Un contexte nouveau est en cours d’édification découlant d’évolutions récentes qui confèrent un caractère plus attractif à maints territoires.
Des évolutions propices à l’attractivité des régions
Les régions sortent peu à peu d’une longue période de délaissement et de désertion du fait d’évolutions récentes. D’une part, il y a la dématérialisation d’un nombre croissant d’activités économiques et d’emplois, les progrès des technologies d’information et de communications et l’essor du télétravail, qui affranchissent désormais nombres d’entreprises et d’emplois de la nécessité de s’établir dans une grande ville. Ces entreprises et ces emplois, dites « footloose » (sans attache territoriale), peuvent théoriquement s’implanter n’importe où.
À ces réalités issues de l’économie du savoir et de la révolution numérique s’ajoutent la quête d’une meilleure qualité de vie, la valorisation des milieux naturels, l’attrait du foncier et de l’immobilier à moindre coût tant pour l’habitation que pour les espaces de bureaux ou de production manufacturière ou industrielle, etc.; sans négliger le désir, chez un nombre croissant de familles, de cultiver ses légumes et de faire de petits élevages (poules pondeuses, coqs à chair, lapins, vache laitière, bœuf, cochon, etc.). Les territoires hors des aires métropolitaines font de l’œil aux citadins… qui se laissent séduire.
D’autre part, il y a dans la grande ville des dysfonctionnements qui amènent plusieurs résidents, notamment des jeunes couples avec ou sans enfants et de nouveaux diplômés, à questionner le choix de s’installer « en métropole » pour une carrière et un projet de vie. Aussi, de nombreux retraités et pré-retraités qui valorisent le plein air et le sens des petites communautés. Congestion routière, coût du logement et du foncier, pollutions diverses, stress, artificialisation du cadre de vie sont autant de réalités qui, pour plusieurs, procurent un caractère répulsif aux agglomérations métropolitaines.
Les sondages sont nombreux, ici et ailleurs, exposant le désir de fuir la métropole pour vivre dans une ville petite ou moyenne ou carrément en milieu rural, rang ou village.
Attractivité reconquise d’un côté, détérioration des cadres de vie de l’autre, telles que perçues et vécues par plusieurs. Ce tandem attraction-répulsion explique le nouveau phénomène d’exode urbain…
3 réponses
Complètement en accord avec vous messieurs. Toutefois, je crois qu’il faudra d’une façon ou de l’autre politiser le débat. Dans le sens Res Republica. Un mouvement qui fédère les forces vives ? Un mouvement politique non partisan ? Un parti politique ? Il me semble en tout cas qu’il y a une action politique de rassemblement régional des élus locaux avec les députés de l’Assemblée nationale.
Merci pour ton commentaire René que je partage entièrement.
Oui, il faut compter sur l’entrepreneuriat local, du cru ou venu de l’extérieur. Il fait mettre en place des systèmes locaux de production et favoriser les synergies entre les partenaires publics et privés du développement local et régional.
Tu auras remarqué que je préconise l’intégration de la future Stratégie gouvernementale de développement économique local et régional à la Politique (et Loi) pour assurer l’occupation et la vitalité des territoires en vigueur depuis 2014 mais sans véritable volonté politique et ressources appropriées jusqu’à maintenant. Cette Stratégie serait appliquée en étroite collaboration avec les collectivités territoriales.
Il faut miser sur cette nouvelle ruralité, celle à laquelle contribuent les néoruraux. Mais je pense qu’il faut aussi une meilleure reconnaissance du potentiel que représente l’entrepreneuriat local. Si on va dans cette direction, ce sont moins des politiques de développement régional dont nous avons besoin que des politiques orientées sur l’occupation du territoire et des élus locaux qui misent sur la plus grande richesse de leur territoire: sa population et ses capacités de faire localement. Ça n’empêche pas qu’il faut continuer à démasquer une orientation qui mise seulement sur les pôles métropolitains pour l’avenir du Québec.