Cette semaine, le Cirque du Soleil, un fleuron québécois a été vendu à des intérêts américains et chinois. Le nouveau PDG a expliqué aux médias que les nouveaux propriétaires n’avaient pas l’intention de déménager le siège social du Cirque, du moins dans l’immédiat, car il s’est nourri de la créativité québécoise. Il expliquait qu’il est plus facile de déplacer des comptables que des artistes. J’ai donc une suggestion à faire…
Le même jour les comptables qui dirigent notre gouvernement ont imposé le bâillon pour forcer l’adoption du projet de loi 28 après seulement 20 heures de débat! Or ce projet vient modifier plusieurs aspects de notre vie : augmentation importante des frais de garde modulés selon le revenu; abolition des Centres locaux de développement; mainmise sur les surplus d’Hydro-Québec alors qu’avant la moitié des surplus était utilisée pour réduire l’augmentation des tarifs; moins de transparence pour les compagnies minières qui n’ont plus à rendre publique la valeur des richesses tirées de notre sous-sol. Ce ne sont que quelques exemples que les comptables qui nous gouvernent refusent de soumettre au débat. Car ils ont une fixation sur les chiffres et aucune considération sur les impacts sociaux de ces décisions qui nous sont imposés au mépris du débat démocratique à l’Assemblée nationale. Après vont-ils s’offusquer que le débat se transporte dans la rue?
Pourrait-on ouvrir un véritable débat démocratique ici au Québec et mener une saine délibération publique sur les choix qui s’imposent et leurs impacts sociaux qu’on veut masquer sous l’unique objectif de l’équilibre budgétaire à vitesse grand V? Pourtant d’autres choix sont possibles, si l’on regardait la colonne des revenus avec une fiscalité plus équitable et des choix moins dévastateurs pour les régions et les personnes moins fortunées.
Ironiquement, j’aimerais donc reprendre l’idée du nouveau directeur général du Cirque du Soleil et lui suggérer d’embaucher quelques comptables connus pour les envoyer gérer leurs affaires en Chine, qui est la prochaine cible de développement du Cirque, ou encore dans les pays du Golfe persique qui misent sur le divertissement pour dépenser leurs milliards. Ces experts en chiffres s’y retrouveraient probablement à l’aise puisque l’économie s’y combine avec des régimes anti-démocratiques.
Jocelyne Bernier