Un monde sans repères

Il n’y a plus de phares pour guider les navires dans la nuit…

France.  La mort du petit syrien Aylan devient une satire dans le Charlie Hebdo.

Canada. Voilà qu’on remet en perspective le sort des réfugiés à cause de leur statut financier. Comme s’il fallait être obligatoirement pauvre pour fuir son pays en guerre.

États-Unis. Le controversé Donald Trump promet un mur entre son pays et le Mexique et de renvoyer tous les réfugiés dans leur pays d’origine. Tout cela après la chute du mur de Berlin et du communisme en 1989. Paradoxe.

Hongrie. Le gouvernement autorise l’installation d’un barbelé le long de sa frontière pour empêcher l’entrée massive de ces mêmes réfugiés.

Les phares sont éteints. Je cherche toujours mais ne trouve pas. Où sont les contemporains des Nelson Mandela, Gandhi, Abraham Lincoln ou encore Malcom X et Martin Luther King? Où sont passés ces êtres de lumière qui se lèvent et nous montrent le chemin? Comme si notre époque ne savait plus engendrer ces êtres d’exception. Le moule a disparu, tout comme les phares.

Bien sûr, quelques personnalités émergent ici et là telle que Aung San Suu Kyi, cette opposante politique birmane. Mais Aung ne peut tout faire seule. À l’instar des phares maritimes, le monde a vu disparaître ses bouées. Un monde sans repères peut vite devenir un repaire. Danger à l’horizon.

Je repense tout à coup à l’avion qui me ramenait à Montréal lors d’un récent voyage. Mon voisin et moi engageâmes une conversation animée. Discussion fort intéressante qui plus est. Quoique né à Montréal de parents immigrants, celui-ci me raconte sa réalité. À brûle-pourpoint, il me demande :

« Imagine que tu reçoives deux curriculums vitae. L’un est au nom de François et l’autre au nom d’Ahmad. Lequel favoriseras-tu?

– Ok. Je vois où tu veux en venir, que je lui réponds.

– Absolument pas, qu’il me répond. »

Voilà près d’une trentaine de minutes que l’on discute franchement ensemble.

« Me fais-tu confiance là maintenant?

– Bien sûr!

– Voilà pourquoi j’ai changé mon nom me rétorque-t-il. Mon véritable nom est Ahmad. »

Que se passe-t-il donc sur cette planète? Où sont passées nos valeurs profondes? Sommes-nous si déconnectés de notre propre réalité? Je m’inquiète. Notre pauvre vieille Terre a besoin d’aide, a besoin de balises.

Tout comme Lincoln a su redonner la liberté aux Noirs et René Lévesque, pour sa part, une identité aux Québécois. Tout comme Mandela a combattu l’apartheid et Luther King s’est battu pour les droits des Noirs en Amérique. En 2015, qui s’est levé et a crié haut et fort?

Les nouvelles technologies nous enferment dans un individualisme honteux. On communique désormais bien mieux avec les gens loin de nous mais de plus en plus mal avec ceux près de nous. Second paradoxe.

Ahmad, j’ignore si tu me lis en ce moment. Sache que, pour moi, tu seras toujours Ahmad.

Qui sait?

Peut-être que les phares redeviendront bientôt ce qu’ils ont toujours été : une lumière dans la nuit…

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