Small is beautiful.
Le royaume de Ragnar Lodbrok (oui celui de la série Vikings a bien existé!) est une enclave du Nord aux dimensions fort modestes. Et pourtant. Le voilà maintenant qu’il nous montre la voie avec audace et initiative. La Suède remet en question ses façons de faire et de consommer. Explications.
Je vous rassure dès le départ. Il ne s’agit nullement d’un article vantant les innovations d’Ikea. Je comprends bien, par contre, le réflexe d’associer le nom du célèbre manufacturier à la simple mention du petit pays nordique. D’entrée de jeu, je confesse ma grande fascination pour ces pays scandinaves. La nordicité? Leurs racines vikings? Leur résilience? Peut-être un peu de tout ça.
Quoiqu’il en soit, une initiative du gouvernement local est passée presqu’inaperçue pour la presse. Un projet de loi est actuellement à l’étude en Suède afin d’abaisser la TVA de 25 à 12% sur les transactions concernant toute réparation de biens utiles. L’objectif est noble en soi puisqu’il vise à réduire la quantité de déchets.
Le gouvernement suédois, avec une préoccupation d’environnement durable, espère ainsi diminuer les émissions de carbone reliées à la production de biens neufs et développer une expertise dans la réparation de produits tous azimuts. Cette démarche espère aussi contribuer à créer de nouveaux emplois. Aux prises avec l’arrivée massive de migrants provenant du Moyen-Orient et ses besoins criants en personnel non-qualifié, cette loi pourrait ainsi faire d’une pierre deux coups.
Le gouvernement social-démocrate ne s’arrête pas là. Il envisage même d’accorder des réductions fiscales aux citoyens effectuant eux-mêmes les réparations de leur vélo, leur machine à laver et autres produits domestiques. Cette mesure, si elle est adoptée, pourrait entrer en vigueur dès le 1er janvier 2017.
Voilà une idée géniale! Nous le savons tous, nous, Nord-Américains, avons la culture du jetable facile. Je pense seulement à tous ces appareils électroniques refoulés en Inde et ailleurs après seulement deux ou trois années d’utilisation. Tout ça pour obtenir la machine dernier cri aux capacités bien supérieures à nos véritables besoins. Et tout cela se fait au détriment de milliers d’enfants s’échinant à retirer les pièces de cuivre et de métaux rares au risque de leur vie.
Au-delà des gains environnementaux évidents, j’y vois d’autres avantages non négligeables. L’avènement des calculatrices a considérablement atrophié notre capacité de calcul mental. Les ordinateurs s’imposent en lieu et place de notre écriture. Quand avez-vous écrit la dernière fois, dites-moi? Toutes ces technologies repoussent encore plus loin nos capacités. Et pourtant, je constate le recul que nous amènent ces inventions sur le plan humain. Pourquoi je vous parle de ça? Avec ce projet de loi, la Suède ramène la créativité, la débrouillardise et le travail manuel au premier plan. Chapeau! Voilà un exemple dont pourraient s’inspirer les gouvernements occidentaux.
Et si on lançait un pari ensemble? Lequel de nos deux paliers de gouvernement aura le courage d’inscrire une telle démarche dans son calendrier législatif?
Et vous, vous pariez sur qui? Québec ou Ottawa?