Se sentir proches et avoir de la pogne

Dans la vie, quand on a l’occasion de faire de la recherche, on devient souvent obsédé par un sujet, une question. Dans mon cas, ce qui me fascine, c’est la proximité. Comment le fait d’être proche devient une ressource pour les acteurs du développement collectif? Mais surtout, comment on fait pour être proche?

Je ne vous parle pas ici de la bête proximité physique ou géographique. Ça serait trop simple et, parfois, les choses sont compliquées. Je vous parle de la proximité qui naît dans le fait de partager une identité, un langage, un espace de référence, de celle qui se développe quand on est forcés de se côtoyer (je parle de vous, mes collègues!).

Il y a plusieurs genres de proximités, mais une me paraît particulièrement intéressante : la proximité organisée. On l’appelle ainsi parce qu’on l’organise, on la planifie, on travaille dessus. Comme on dirait en bon français, on a une « pogne » dessus. Ça fait du bien, d’avoir de la pogne.

Une forme de cette proximité s’appelle la logique d’appartenance. Cette logique apparaît lorsqu’on réalise qu’on fait partie d’un groupe. Lorsque, à force de croiser Monique dans des colloques ou de travailler avec Isabelle dans des comités, je comprends qu’on doit travailler dans un même champ. Une fois que cette heureuse épiphanie nous tombe dessus, le vrai plaisir commence; on peut se demander ce qui nous unit, à part le fait de se croiser dans les mêmes 5 à 7 corporatifs.

C’est la logique de similitude qui embarque. Cette logique, c’est partager une identité, utiliser les mêmes mots, s’intéresser aux mêmes problèmes, et dans le cas du développement collectif, penser qu’une approche de développement est plus porteuse.

« Mais Myriam, pourquoi tu nous fais ce petit cours de vocabulaire? », me dis-tu. Parce que, lecteur impatient, il existe une vérité simple : plus on est proches, plus c’est facile de travailler ensemble. Ainsi, si les acteurs du développement collectif au Québec :

  • mettent à profit les relations qu’ils ont développées au fil du temps et d’une histoire partagée;
  • qu’ils se remettent à l’esprit les grands principes du développement collectif qui les ont guidés;
  • et/ou travaillent à renforcer une vision, des buts communs, les grandes valeurs du développement collectif et gardent à l’esprit leur projet collectif;

alors peut-être qu’ils pourront se sentir encore rattachés les uns aux autres au sein des régions, mais aussi à un mouvement plus large? Une proximité qui existe de cette façon survit aux changements et aux pertes de structures, ce qui est une grande force. Qu’en pensez-vous?

J’ai menti plus haut : il existe une complexité et des dangers à la proximité. Mais ce sera pour un prochain billet.

Références : des petites lectures de chevet (ou pas) sur le sujet.


ANGEON, Valérie et al., 2006, «Des liens sociaux à la construction d’un développement territorial durable : quel rôle de la proximité dans ce processus», Développement durable et territoire, http://developpementdurable.revues.org/2851

PECQUEUR, Bernard et Jean-Benoît ZIMMERMAN (Dir.), 2004, Économie de proximités, Recueil, Hermès Science Publications, Paris.

TORRE, André, 2006, «Retour sur la notion de proximité», Géographie, économies, société, Vol 11, http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GES_111_0063

 

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