REER municipal, REER national! Un retour sur investissement plus qu’important!

Bien assise dans mon fauteuil en ce beau samedi matin, je me demande bien quel sujet fera l’objet de ce présent texte. Voulant m’inspirer, je me suis entourée de quelques livres : Sauvons la démocratie, de Pierre Calame, La démocratie en miettes – Pour une révolution de la gouvernance, de Pierre Calame; Le crépuscule de la démocratie, de Nicolas Grimaldi; Les clés du Futur – Réinventer ensemble la société, l’économie et la science, de Jean Staune; L’âge des transitions, de Pascal Chabot; Chronique d’une conférence de citoyens, de Pierre-Yves Guihéneuf; Qu’est-ce qui nous unit?, de Roger-Pol Droit; Guy Paiement – Prophète du pays réel; De l’inégalité parmi les sociétés, de Jared Diamond; Enseigner à vivre – Manifeste pour changer l’éducation, d’Edgar Morin; Surgissement d’un nouveau monde, de Marc Luckx; etc. Il y a tant de sujets traités sous différents angles. La convergence de ceux-ci semble tendre vers la préoccupation du mieux-être de notre actuelle société et de celle que nous léguerons.

Devant ces choix, entre la pertinence de ces livres dont je remercie chaleureusement au passage ces auteurs qui viennent alimenter mes réflexions, préciser ma pensée sur d’éventuelle opérationnalisation de savantes théories, des idées qui en émergent, j’en arrive à me demander si nos politiciens s’inspirent de leur côté?

Tout n’est pas dans les livres, me direz-vous? Et avec raison. Je décide de revenir à la base, celle de vous parler de l’expérience terrain de la praticienne que j’ai été et que je suis.

En novembre dernier, j’ai été invitée à participer à un colloque pour parler du rôle des élus dans le développement local. Un sujet encore plus actuel que jamais notamment avec la mouvance et les impacts des dernières décisions gouvernementales qu’ont dû subir les territoires et l’obligation d’en supporter les conséquences.

Je me suis souvenue de la façon dont j’amorçais et j’expliquais le concept de la planification stratégique au début de la première Politique nationale de la ruralité lorsque j’étais agente de développement rural. Ce qui m’a toujours paru paradoxal, soit dit en passant, la réflexion demandée au local ne s’appliquait pas au national sinon, si c’était le cas, nous aurions une idée d’où l’on s’en va.

Or, j’ai revisité la vision prospective et l’importance de cette réflexion. J’ai également remis en perspective le concept du « REER » municipal que j’avais imaginé à l’époque, en 2004-2005. Tout est une question de perception, de présentation. Je parlais que, dans la vie, nous pouvons bénéficier de deux RÉER. Celui que dans lequel on nous demande d’investir une fois par année, sans savoir ce qui adviendra lorsque nous aurons atteint l’âge de la retraite, et le « REER municipal ». Qu’en est-il de ce REER? Tout simplement Un Retour sur l’Essor et l’Effervescence dû au Rayonnement de ma municipalité, de ma communauté, etc.

Percevoir les choses autrement, est-ce si difficile? Un compte de taxes devient un apport à la vie active de mon milieu de vie, la dette commune devient ma contribution à la vie culturelle, à la vie associative, aux différents projets liés à l’amélioration de la qualité de vie, la cueillette des ordures – contribution à la protection de l’environnement, taxe d’eau – contribution à la protection des ressources naturelles, etc.

Finalement, le grand principe étant de voir ma facture comme une contribution, un apport, un investissement plutôt qu’une dépense sans plus. Et si je dois un jour vendre ma maison, elle aura une valeur, celle d’être sise dans un village dont les élus auront développé et osé innover dans leur modèle de gestion municipale et laisser place à l’émergence de projets porteurs.

À toutes les fois que j’ai parlé de ce REER municipal, des personnes et des élus recevaient le tout avec ouverture et semblaient être d’accord avec le principe. Encore faut-il être prêt à s’investir dans des changements, des transitions. Déjà instaurer « une gouvernance partenariale équilibrée plutôt qu’une gouvernance monopolisée »[1]est signe d’une volonté de développement, d’une saine démocratie. En quelques mots, les communautés qui optent pour une gouvernance partenariale équilibrée mettent de l’avant des stratégies afin d’encourager le consensus décisionnel entre le conseil municipal, la société civile et l’entreprise privée. Faire place au dialogue social, au dialogue municipal. Ces communautés ont tendance à être en voie de développement ou développées. Par contre, celles qui adoptent une gouvernance monopolisée tendent à sombrer dans une spirale de dévitalisation ou sont simplement dévitalisées. Le conseil municipal a le monopole décisionnel. Je vous invite à lire « l’Étude des modèles de gouvernance locale observés dans deux communautés en croissance et dans deux communautés en dévitalisation au Québec et dans le Canada Atlantique », de Luc Bisson. Il a modélisé ces deux types de gouvernance.

Une fois de plus, à voir la réaction discrète de certains participants, j’ai pu percevoir que le modèle de la gouvernance monopolisée était encore présent localement. Freinant le développement, il n’encourage pas davantage la participation citoyenne, l’investissement dans la communauté, et la démocratie est évacuée. Si certaines personnes ont réagi, rapidement elles ont fait le rapprochement avec notre gouvernement actuel et son style de gouvernance et de gestion.

Aujourd’hui, au lieu de nous parler de taxes, de taxation, d’augmentation, de coupures, de dettes, d’austérité et de révision de programmes, si nos dirigeants avaient l’intelligence de visionnaires plutôt que de technocrates, s‘ils décidaient d’investir et voir arriver les choses autrement au lieu de nous tambouriner toujours la même rhétorique, nous pourrions espérer et percevoir autrement. Bien évidemment qu’il faut nous aussi être dans ce changement de perception, dans la transition. Sommes-nous à ce point réfractaires au changement? Je ne pense pas. Je suis une éternelle optimiste. Je crois profondément en notre capacité de résilience, d’adaptation, mais davantage en notre capacité de bâtir, de créer, d’innover, de se renouveler, d’inventer!

Je viens de réaliser que nous sommes fin février. C’est le temps des RÉER. Je vais regarder ce que je peux investir cette année pour m’assurer une retraite dont je ne sais trop ce qu’il adviendra.

Toutefois, le montant auquel j’ai souscrit au fil des semaines, celui devant contribuer à mon REER national, n’a malheureusement pas atteint les résultats espérés, à savoir un meilleur système d’éducation, un réseau de santé performant, des organismes communautaires rassurés, une économie innovante, des territoires ruraux vivants et inspirants, etc. La liste pourrait être encore plus longue…

Je rêve du jour où un véritable dialogue sera engagé dans le principe d’une gouvernance partenariale partagée, où nous sentirons que la démocratie est vraiment présente dans le système, que la participation citoyenne a sa place, bref, où nos politiciens prendront conscience de l’importance du retour sur l’investissement social!

N’oubliez pas de cotiser à votre REER, s’il vous en reste…


[1] La gouvernance partenariale : un facteur déterminant du développement des collectivités rurales. Luc Bisson, ARUC-DTC, Octobre 2011

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