Quand les valeurs s’entrechoquent!

Pour ce deuxième billet, j’ai choisi de faire une petite incursion dans le grand monde des valeurs. Parce que ce sujet m’intéresse depuis longtemps. Aussi parce que la situation sociale actuelle nous y ramène inévitablement. D’ailleurs, plusieurs des billets publiés à ce jour en font mention, que ce soit directement ou indirectement. Je me lance…

Le concept de valeurs suscite un intérêt depuis fort longtemps, son origine remonte à la Grèce antique avec les écrits de Platon. Plus près de nous, ce concept fait l’objet de recherches en sociologie, en psychologie, en anthropologie et dans l’ensemble des disciplines connexes. Pour de nombreux auteurs (Tocqueville, Weber, Durkeim), les valeurs sont fondamentales pour expliquer l’organisation et le changement de la société comme celui des individus.

Un auteur retient particulièrement mon attention, Shalom Schwartz. Professeur de psychologie sociale à l’Université hébraïque de Jérusalem, il a mené pendant 40 ans des recherches approfondies au sujet des valeurs personnelles et culturelles. La théorie des valeurs universelles qu’il a développée a été testée dans 40 pays différents. Elle traite des valeurs de base que les individus reconnaissent comme telles dans toutes les cultures. Schwartz[1] identifie dix grands groupes de valeurs selon la motivation qui sous-tend chacune d’entre elles, lesquels regroupent 56 valeurs.

La forme schématique ci-haut décrit la dynamique des oppositions et des compatibilités entre elles. Certaines valeurs sont en opposition avec d’autres (par exemple la bienveillance s’oppose au pouvoir) tandis que d’autres vont de pair (par exemple la conformité et la sécurité). Chaque individu accorde un degré d’importance varié à ces valeurs en fonction de ce qui est le plus important pour lui, ce qui guide ses actions dans sa vie. Il n’y a donc pas de hiérarchie générale des valeurs mais plutôt une hiérarchie individuelle en raison d’une mise en relation des valeurs que nous faisons les unes par rapport aux autres. Enfin, l’agencement circulaire des valeurs représente un continuum en termes de motivations. Plus deux valeurs sont proches l’une de l’autre sur ce cercle, plus leurs motivations sont similaires; plus deux valeurs sont au contraire distantes, plus les motivations qui les sous-tendent sont opposées.

J’ai fait le test[2] pour vérifier si les valeurs que je pensais être miennes l’étaient vraiment. Les pourcentages inscrits sur la figure en sont le résultat, et j’en suis fort aise. L’universalisme, la bienveillance, la conformité et l’autonomie comme majeure, je m’y reconnais. « Bienveillance et conformité contribuent toutes deux à développer la coopération et la solidarité. »[3] Ai-je tort de croire que plusieurs blogueurs et blogueuses s’y logent aussi ?

Lorsque nous sommes interpellés par des événements, que nous prenons des décisions, que nous devons agir ou réagir, nous nous référons systématiquement, souvent inconsciemment, à notre schème de valeurs.

Actuellement, nous, les acteurs du développement des communautés, sommes choqués par les multiples changements et décisions imposés par nos dirigeants car les motivations qui les animent viennent en opposition avec les nôtres. Nous nous retrouvons dans un climat de confrontation inévitable, chacun se confortant dans sa position car étant certain que ce soit la bonne. Les valeurs s’entrechoquent! Les multiples manifestations qui font l’actualité sont portées par des valeurs de justice sociale, de liberté, de démocratie, de responsabilité, de sécurité pour des intérêts collectifs. Nous faisons face à un conflit qui oppose les valeurs qui mettent en avant le bien-être et l’intérêt des autres aux valeurs qui mettent au premier plan la poursuite d’intérêts plus individualistes, économiques et la domination ou le pouvoir. Pour les uns, descendre dans la rue, manifester leurs désaccords, leurs peurs et leur colère sont des actions justifiées et nécessaires, pour les autres, c’est agressant! C’est la fermeture! Arriverons-nous à trouver une solution?

Le continuum des motivations pourrait-il servir d’outil pour déterminer un espace de discussion où les antagonistes se sentiraient confortables? De toute évidence, il devient impérieux de se donner une zone tampon et s’ouvrir au dialogue. Les objectifs reliés à la valeur « sécurité » me semblent rejoindre tout le monde. Chacun recherche la sécurité, l’harmonie et la stabilité de la société, mais avec des visions différentes et des moyens divergents. D’un côté, on demande la sécurité des services publics en éducation, en santé, des services sociaux, la sécurité des organismes communautaires, la sécurité des plus vulnérables; de l’autre, on revendique la sécurité financière et la rentabilité économique de la nation. Je rêve peut-être, on me décrit comme une optimiste parfois utopiste, mais je continue de croire que la bonne communication, le dialogue, demeure la clé. Trouvons des solutions pour initier ces échanges dans un climat satisfaisant pour tous.

 


[1] Référence : http://valeurs.universelles.free.fr/

[2] Aller sur le lien suivant : http://www.psychomedia.qc.ca/tests/questionnaire-des-valeurs-par-portraits

[3] Référence : http://valeurs.universelles.free.fr/

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2 réponses

  1. P.-S. Madame Côté, j’étais assis en classe, en janvier 1977, tout près de Claire Bolduc, à la FSAA. Son talent n’attendait déjà pas le nombre des années.

  2. J’ai amorcé l’année 2023 avec des mots comme : don, valeur, collectif et commun. Via Google, je me retrouve ici. C’est dire que votre texte de 2015 ne passe pas inaperçu.

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