Promesses et misères de la municipalisation du développement

30 ans de développement territorial concerté qui laissent maintenant place à une municipalisation du développement. On souhaite faire des institutions publiques que sont les municipalités de réels gouvernements de proximité. Pour le meilleur et pour le pire, plusieurs dossiers de développement sont ainsi rapatriés sous leur égide.  

Pour le meilleur, parce que je crois toujours en cette utopie de l’institution publique gardienne du bien commun. Pour le pire, parce que les institutions publiques sont trop souvent prisonnières de leur rigidité, de leur structure hiérarchique, des élections aux 4 ans et de la politisation des enjeux.

Des institutions publiques face à d’importantes limites

Du local au national, on observe des difficultés similaires au sein des administrations publiques. Elles peinent à jouer un rôle de cohérence et de vision globale du développement. La puissance des secteurs, des fameux silos rend malaisé la capacité de ces institutions à réellement produire de l’intersectorialité.

De plus, les administrations publiques, comme les élus d’ailleurs, peinent à réinventer leurs modes de dialogue avec les organisations de la société civile et d’autant plus à les inviter à participer aux décisions. À plusieurs occasions, les organisations de la société civile seront complètement occultées. On mettra au cœur du dialogue social l’unique relation avec les citoyens. En d’autres occasions, ces organisations seront dépeintes comme des lobbys, des groupes d’intérêts, des promoteurs comme les autres, à la solde d’intérêts particuliers. Enfin, les organismes seront souvent glorifiés dans une posture de « fournisseurs de services » essentiels à la population.

Réflexion sur le défunt modèle concerté de développement des territoires

Quand je repense aux années de gloire du modèle concerté de développement, ce qu’on a réussi à créer, ce sont des tiers-lieux décisionnels. Des espaces de pouvoir alternatif très improbables, un peu à l’abri des limites du secteur public. Des espaces de gouvernance qui offraient la possibilité de s’évader des rapports de forces traditionnels qui animent les relations entre le public et la société civile. Une confiance en la « coopération conflictuelle » et le partage de la décision pour développer les territoires.

Les conseils régionaux de développement (CRD) étaient sans doute le modèle le plus parachevé de ce modèle de gouvernance concerté du développement territorial, faisant une grande place à la société civile.  Mais ce modèle, comme celui déjà dilué des conférences régionales des élus (CRÉ) par la suite, n’a pas résisté au passage du temps. Remettait-il trop en question les forces politiques de la démocratie représentative? N’arrivait-il pas à ses fins, au-delà des promesses d’une démocratie plus participative? C’est probablement un peu de tout ça.

Et maintenant?

Doit-on chercher à recréer des tiers-lieux? Doit-on s’évader des espaces institutionnels au profit d’espaces de gouvernance mixte ou doit-on plutôt donner de l’amour aux institutions publiques, en l’occurrence les municipalités, pour qu’elles soient capables de jouer le rôle de médiation, de cohérence et de rassemblement qu’on attend d’elles? Je tergiverse!

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4 réponses

  1. Je penche en ce sens aussi. Au niveau municipale, je propose une communauté de pratique qui sera consacrée au processus de résolutions de la ville, qui permettra aux citoyen-ne-s de formuler leurs résolutions, et à divers acteurs d’accompagner les citoyen-ne-s dans leur démarche. L’idée est bonne, me dit-on, mais l’information concernant les résolutions est introuvable, et ils ne me répondent pas quand je leur demande (à quelques reprises) de me fournir ces informations. Votre tégervisation tombe pile quant aux questions que je pose présentement quant à l’orientation de mes efforts. Merci.

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