La série « Nos années 20 » m’était plus qu’inspirante! Se positionner et poser un regard prospectif sur l’action collective de la prochaine décennie était une belle occasion de partager mes plus grandes aspirations pour ces futures années.
À peine lancée dans l’espoir et la rêverie, les premières annonces de mesures préventives en lien avec la COVID-19 ont vite fait de me ramener sur terre! J’avoue avoir été sous le choc. Troublée.
Peut-être parce que je porte un enfant à naître dans les prochains jours et que cette naissance se prépare maintenant dans un contexte unique, inédit, insoupçonné. Peut-être parce que je devais partir pour la France le jour même où l’on annonçait la fermeture des établissements d’enseignement pour une durée indéterminée.
Du jamais vu. Jamais imaginé. Surtout pas anticipé…
L’envergure de la situation et des moyens déployés en a certainement impressionné plus d’un. En l’espace de quelques jours, tout basculait et prenait des proportions qui nous dépassent complètement. Juste à imaginer la quantité de jeunes à travers le monde qui sont, au même moment, à la maison plutôt qu’à l’école. Ou tous ces gens qui ne peuvent tout simplement pas sortir de chez eux. Encore chanceux, on parle de confinement au Québec, mais rien à voir avec ce qui se passe en France, par exemple.
Visiblement, personne n’était préparé à faire face à une crise de cette ampleur, sans précédent. Une illustration frappante de notre difficulté à appréhender des phénomènes nouveaux.
L’isolement des gens. Des plus vulnérables de surcroît. La santé mentale des plus fragiles. Les pertes d’emploi. Quelles traces laissera cet épisode sur nos territoires?
La crise de la COVID-19 et le développement social québécois
Qu’en sera-t-il des planifications stratégiques et des plans d’action concertés tout juste aboutis? Des priorités tout juste identifiées pour des populations déjà vulnérables? De tous ces travaux collectifs qui auront demandé temps et énergie aux multiples acteurs?
« Ceux qui ont acquis un facteur de protection reprendront facilement un processus de résilience, alors que ceux qui ont acquis des facteurs de vulnérabilité, si on les laisse tous seuls, auront du mal à déclencher un processus de résilience. […] On est totalement inégaux face au virus et face au trauma. »
– La leçon de résilience de Boris Cyrulnik, ici.radio-canada.ca, 1er avril 2020
La situation risque d’avoir beaucoup changé… On ne pourra pas faire comme si de rien n’était. On aura le devoir de redoubler d’efforts, de se solidariser plus que jamais et de capitaliser sur la capacité de concertation que nous, Québécois, avons développée au fil des dernières années.
Osons réinventer nos façons de faire. Accompagnons le chaos. Profitons-en pour porter notre regard en avant, vers une transformation sociale et organisationnelle. Orientons-nous sur des changements souhaités à moyen et long terme pour notre grande communauté. Des changements qui s’observent aussi dans nos modes de collaboration.
Soyons à l’affût des nouveaux leaderships qui se révéleront dans les circonstances. Repensons nos systèmes de gouvernance en fonction de principes valorisant le potentiel humain et la confiance pour donner le pouvoir aux organisations elles-mêmes, plutôt qu’à l’ego de leurs membres. Ayons l’audace de systèmes de gouvernance plus circulaire, partagée.
Pour nos années 20, je nous souhaite de prendre le temps, le recul nécessaire pour questionner le sens de nos collaborations, de nous aligner sur l’impact collectif souhaité et d’actualiser nos systèmes de gouvernance. Un temps de réflexion qui nous permettra plus que jamais de nous rassembler autour d’une intention précise, actualisée et incarnée.
4 réponses
Je crois que la pandémie rassemble davantage les organisations mais cela demeurera t-il? Des organisations qu’on voyait peu se préoccupent soudainement de la vulnérabilité. Nous conscientisons notre interdépendance. Mais qu’en serait-il après? Ce qui me préoccupe a l’heure actuelle, c’est que le soutien à la concertation soit encore remis aux calandres grecques car le gouvernement aura à faire des choix dans ses dépenses: payer la dette ou soutenu le développement social, entre autres.
D’accord avec les propos portant sur le leadership. Comment se renouvera-t-il, sera-t-il plus tourné sur le soutien à l’action collective? S’en donnera-t-il les moyens? Continuer la sensibilisation m’apparaît important à ce stade.
Horrifiant cette pandémie ! Mais peut-on y trouver un principe régénérateur ? La crise que nous traversons vient exacerber le regard que nous portons sur le monde actuel, ses déficits et ses déviances. Le tourbillon de nos vies s’est arrêté. Voilà que nous avons le temps de regarder autour de nous, d’observer mais surtout de considérer nos comportements de producteurs et de consommateur et nos rapports avec les autres et, plus loin, nos rapports avec nos cadres de vie. Il faut espérer qu’il en sortira quelque chose de positif.
Dans son billet Maïa témoigne d’espoir. Elle fait appel à la solidarité, à la concertation, aux énergies collectives pour faire preuve de résilience face à cette période d’adversité inédite. « Orientons-nous sur des changements souhaités. Osons réinventer nos façons de faire ». Elle trace une voie de réflexion et d’action pour « se rassembler autour d’une intension précise »… qu’il faudra parfaire et clamer dans les années à venir.
Le choc de la pandémie nous fait perdre pied. Mais comme le mentionne ce billet, cela nous invite à bien identifier quel ancrage nous voulons donner à nos actions. Les inégalités mises à jour par la crise devraient nous rappeler de ne jamais négliger les populations vulnérables. Sans cela, nos efforts de concertation risquent de ne pas déboucher sur une société solidaire. Et sans solidarité, les prochains défis seront plus difficiles à affronter.