À quand remonte la dernière fois que vous avez dit avoir le temps, au travail?
À la réponse : « Je suis à jour! » ou « J’ai du temps pour toi, aujourd’hui! », des regards incrédules se tournent…
Entre les Zooms qui s’enchaînent du déjeuner au 5 à 7, en passant par un midi partage… On pensait ralentir, mais c’est tout le contraire! Tout s’est accéléré.
Est-ce que l’on maîtrise suffisamment notre rapport au temps? Nos besoins, nos limites, nos excès, nos envies…
Dans le fond, est-ce que j’ai plus de temps qu’avant? Aurai-je plus de temps après? Au fait, qu’est-ce que le temps? Il est partout. Il fait partie de notre quotidien.
Pourtant, on ne sait pas grand-chose de lui.
Petite parenthèse d’un autre temps, qui nous ramène à l’Antiquité. Et oui, les premières réflexions sur le temps sont apparues chez les Grecs et leurs divinités!
Les divinités du temps
Le temps Chronos. C’est le temps qui passe. Celui que nous connaissons tous. Il permet de segmenter le temps en passé, présent et futur grâce aux unités de mesure que sont les secondes, les minutes, les heures. C’est le temps quantitatif et linéaire. Jusque-là, rien de neuf.
Voilà alors que nous arrive Kairos! Avec lui, c’est le temps non linéaire. Le temps métaphysique. Il est qualitatif. C’est l’entre deux, l’instant «T». Il ne se mesure pas, il se ressent. Il crée de la profondeur dans l’instant parce qu’il est le « bon » moment. Le temps opportun.
C’est sans oublier Aiôn, notre troisième divinité. Avec elle, c’est le temps des cycles : le jour et la nuit, les lunaisons, les saisons. Les cycles de la vie: une «durée» de vie illimitée.
C’est donc dans l’ère du temps de se poser quelques questions toutes simples:
- Est-ce que j’ai toujours besoin d’une montre?
- Est-ce que Chronos me laisse le temps de respirer entre deux rencontres?
- Est-ce que je prends mon temps pour les bonnes choses? Manger et prendre sa douche avec Kairos, fantasme ou réalité?
- Enfin, Aiôn m’invite-t-elle quotidiennement à mettre le nez dehors? Au moins les 20 minutes nécessaires à une bonne santé mentale?
Prenons donc le temps d’un apéro, en compagnie de ces trois divinités. Le temps de revisiter notre rapport au temps! Et, quand les réponses viendront, confortablement installé dans notre fauteuil, accordons-leur un peu d’importance!
Notre rapport au temps doit en avoir long à dire sur nous-mêmes…
2 réponses
Un billet qui me renvoie à deux lectures récentes. La première c’est le recueil de poèmes de Madeleine Lefebvre « On sera pas éternels alors soyons lents » dont la 4e couverture évoque « la liberté et le désir ». Un détour poétique qui vaut la peine qu’on prenne le temps de l’apprécier.
Ma seconde référence c’est un théologien allemand, Jurgen Moltman, qui a écrit « seul celui qui vit lentement s’engage dans la vie ».
Bref l’éloge de la lenteur dans cette société de la productivité est tout-à-fait de mise!
Merci pour ce texte inspirant Maïa! Ça résonne fortement chez moi.