Une question simple à laquelle on voudrait répondre un grand « OUI »! Spontané et convaincu. Une hésitation?
Depuis une quinzaine d’années, peut-être plus, on assiste à une recrudescence de la concertation. Tous azimuts. Généralement intersectorielle, on trouve aussi la concertation entre organisations d’un même secteur visant un objectif commun.
Il y a maintenant plus d’une dizaine d’années que j’appuie des collectifs dans leur démarche de concertation. L’expression : « à géométrie variable » n’a jamais eu autant de sens! En même temps, c’est un peu logique. La concertation, même si on la confond souvent à l’instance qui la permet, est le fait de se concerter. Une pratique, ou un mode de collaboration, qui consiste à rechercher un accord, une entente, en vue d’une prise de décision ou d’un projet commun. Penser ou agir de concert. Entre toutes les personnes concernées, qu’elles aient des intérêts convergents, complémentaires ou même divergents.
Cet accord n’est pas simple. Je dirais même qu’il représente une quête continuelle. Notamment dans des contextes où nombre d’entre elles sont à l’origine de programmes, mesures ou autres opportunités offertes par des bailleurs de fonds, au gré de leurs bonnes intentions. (Puisqu’il faut se le dire et se le répéter, les intentions sont, dans la plupart des cas, tout à fait nobles et honnêtes.) Se concerter sous l’influence d’une opportunité qu’on ne peut se permettre de laisser passer est aussi noble et légitime. Cette situation illustre tout simplement la complexité à rallier des intérêts et des intentions qui sont généralement partagés, mais pas tout à fait alignées. Ils n’émergent pas d’une volonté naturelle et manifeste de penser ou d’agir ensemble. Cela dit, nous admettrons tous qu’il faut se concerter et que c’est profitable de le faire. Surtout au palier local…
Au palier régional, l’affaire est plus complexe. Même si la concertation devient une exigence pour avoir accès à certains financements, la ferme conviction en la pertinence et l’utilité de la concertation régionale est toujours à démontrer. Pour plusieurs acteurs. Locaux surtout. La crainte que le palier régional vienne se substituer au palier local et accapare les sommes est toujours présente. On comprend! L’ « histoire » de la concertation a laissé des traces.
À ce jour, où les ressources sont de plus en plus précieuses, où les richesses humaines sont mobiles plus que jamais, se concerter demande du temps et de l’énergie. Pour tout le monde. Il se passe tellement de choses dans toutes ces concertations, qu’il faut y être pour savoir ce qui se passe. Tout le monde veut être partout. Pour être à jour et saisir toutes les opportunités.
Parce que la concertation intersectorielle et multipalier qui s’inscrit dans un continuum de vie des personnes exige d’être partout à la fois! C’est une caricature. À peine. On veut tellement être concerté, qu’on doit maintenant concerter les concertations!
On passe rapidement sur les programmes et mesures qui changent, évoluent ou prennent fin. Bravo pour vos efforts et votre beau travail! Maintenant, soyez créatifs et continuez.
Continuer quoi?
Plusieurs démarches de réflexion ont cours ces dernières années, portées par des acteurs qui veulent explorer de nouveaux scénarios. Renouveler et optimiser leurs pratiques de concertation.
Des concertations qui sont un réel acteur collectif à valeur ajoutée, il y en a. C’est certain. La cohésion territoriale existe et elle s’appuie sur la concertation des acteurs.
Il y a des concertations qui portent le (juste) sentiment d’être redevable envers les acteurs qui y ont investi temps et ressources. Il y a des concertations qui s’appuient sur ce sentiment pour remettre au centre de la table le « pourquoi on se concerte? ». Elles s’habilitent à s’interroger et remettre au goût du jour l’impact collectif souhaité.
Et si on s’autorisait à explorer d’autres logiques que le « agir de concert »? Et si d’autres modalités de collaboration pouvaient soutenir le « penser de concert » et que ce dernier était suffisant pour que chacun agisse dans un esprit commun?
Le réel projet commun est peut-être tout simplement de se concerter. Un projet qui a un cycle de vie. Avec un début et une fin. Qui ouvre le potentiel d’être renouvelé et amélioré. Qui ouvre le potentiel de repenser son équipe projet, son impact souhaité et ses modalités de pilotage…
Une réponse
Merci à vous pour ce bel accueil! Je suis touchée et très heureuse que ce billet puisse vous inspirer dans vos expériences. En effet, on n’entend plus parler d’hyperconcertation, comme à un certain moment, mais les défis sont toujours présents. Et, dans le tourbillon des activités quotidiennes, il est de plus en plus difficile de prendre du recul, de se permettre de prendre du recul pour reconnecter au « nous ». Nous avons pourtant intérêt à le faire, et le faire ensemble pourra justement être un premier pas pour se reconnecter!