La pandémie a été révélatrice de plusieurs enjeux du développement local. Mais aussi des possibilités qui s’ouvrent si nous retenons des leçons de cette période déterminante et toujours bousculante.
Plusieurs communautés territoriales et d’intérêt, les organismes communautaires de première ligne et les tables de quartier ont dû se serrer les coudes et se rapprocher au nom de la solidarité essentielle «pour s’en sortir» et protéger les plus vulnérables de la société. Pensons aux aînées et aînés isolés, mais aussi aux familles et aux immigrantes et immigrants récents, particulièrement touchés par la fracture numérique, la fragilité du statut et la dépendance d’emplois de «première nécessité». On n’a qu’à penser aux «victimes» des agences de placement dans les CHSLD et les services sociosanitaires et aux travailleurs et travailleuses de l’agrobusiness, dans les champs ou sur les chaînes de montage des abattoirs!
Il a fallu travailler avec les élues locales dans des cellules de crise et travailler avec les paliers provincial et fédéral (et même philanthropique, mais ce sera l’occasion d’un autre billet) pour corriger des situations dangereuses qui étaient connues, mais n’avaient pas la «cote» d’enjeux politiques. On pense au défi des communications électroniques et aux manque d’infrastructure et de «littératie numérique». Avec les élections municipales de l’automne (et peut-être fédérales), c’est l’occasion de mettre sur la place publique des enjeux électoraux et d’influencer l’agenda politique municipal, sans négliger évidemment les responsabilité des autres paliers de gouvernement; notamment pour la formation à l’emploi et les conséquences désastreuses de la crise du logement.
J’en appelle donc, de nouveau, à la Politisation du travail communautaire et du développement social territorial: mettre des enjeux au cœur de la cité.
Ce n’est pas pour tomber dans la partisannerie, évidemment, mais pour maintenir une «collaboration conflictuelle et critique» avec les élues!
On doit mettre les élues municipales dans le bain du développement social plus que jamais : on ne peut faire l’économie de l’implication citoyenne active dans les débats politiques au palier municipal l’automne prochain. Les organismes communautaires et les tables de quartier ou de comté doivent favoriser cette éducation citoyenne et favoriser une meilleure connaissance des enjeux du développement social. «Penser global, agir local», dit le dicton des années 70 : mais il faut aussi penser stratégique, et agir local et global!
Il s’ajoute enfin l’enjeu «tendance» de la transition socioécologique. Il serait dommage de ne pas profiter de cette occasion électorale pour repenser le développement social de façon encore plus durable, en réfléchissant aux effets sur les inégalités sociales de cette transition écologique.
Il faut penser des stratégies politiques et continuer l’éducation citoyenne, particulièrement des personnes les plus vulnérables et isolées que la pandémie a mis en lumière. Et il faut retrouver cette collaboration «critique» des cellules de crise locales, avec les élues, et les services publics, sans tomber dans la sous-traitance communautaire, qui apporte des financements précaires et non récurrents.
*Le féminin est employé volontairement dans le titre pour souligner et encourager la contribution des femmes dans la sphère politique, sans minimiser les contributions de toute personne!
Photo: https://journalstarmand.com/
2 réponses
Billet pertinent qui réaffirme la pertinence des tables de concertation de quartier multisectorielle pour offrir des espaces de débats publics démocratiques lors des prochaines élections municipale et fédérale. Avec maints organismes communautaires et un certain nombre de citoyens et de citoyennes, nous comptons préparer, grâce au soutien de la Coalition montréalises des tables de quartier, des débats qui promettent. Plusieurs enjeux locaux comme le REM de l’Est, Ray-mont Logistique, la sécurité des rues, la revitalisation commerciale, l’itinérance, la mixité sociale vs. la gentrification, le logement abordable, l’accès à des services de proximité accessibles ne sont pas toujours traités par les organismes communautaires pris isolément, accaparés qu’ils sont à défendre leur mission et à offrir des services en contexte de pandémie. Il faut déconfiner les esprits et proposer plusieurs solutions politiques ensemble avec les membres de ces organismes et d’autres citoyennes t citoyens qui résident dans notre quartier pour améliorer notre qualité de vie.
Bien d’accord que les prochaines élections municipales sont une bonne occasion pour politiser nos actions collectives avec les personnes candidates. Reste à définir des moyens concrets, mais surtout des interventions avec les citoyennes et citoyens: la politisation de l’action collective est une urgence!