On est mal représentés.
C’est une évidence navrante et de moins en moins contestable.
Plus souvent, on se contente du mauvais au lieu du pire, à défaut du mieux, qui est l’ennemi du bien à ce qu’il paraît, mais c’est pas certain.
Ça semble raisonnable.
Seulement, il advient que l’on se trompe, que le remède soit pire que le mal.
Qu’en changeant les cochons de parc, on soit sabotés par le cheval.
Ce n’est que normal. On libère un râle.
Et on se meurt encore, mais pas trop fort.
À force de promet
tre du changement à tout vent, il finit par arriver et on n’est jamais content…
Par la force ou par le fond fendu de la question tordue.
On se retrouve dans la merde, ben assis sur notre culture
À regarder le dalot drainer le jus vert vers le ruisseau.
Pendant que les vaches méthanent comme des puits qui fuient,
que les porcs partent par la porte tournante qui grince.
Les poulets dans le palais se serrent la pince.
Mon saigneur, le sang sur le sens, sur l’ascenseur, sur l’usure, la finance de faience.
Sur les mains sales à jamais maniant la lame sur les cous tendus des cocus,
mon saigneur tue et prends le bien des con-fitures.
Que sonnent les trumpettes et meure l’espoir brut
et on trouve un larbin freluquet, fils de…, amateur d’égoportraits.
Zignant la jambe de bois du pirate boiteux,
les bottines, les babines ben alignées sur l’allié.
Huilant son passage d’un trait visqueux.
En se plantant des échardes sur la queue,
se parant de plumes volées,
sussurant de sa langue de serpent
que ce sera du mal bien fait, assurément.
Derrière lui le rang de navets.
La nôtre est dans le tas, c’est ça le progrès.
Dans la purée, c’est fou, c’est son goût de chou qui va remonter.
En attendant, ça bat des feuilles et ca fait pas de bruit,
fait pousser en douce des racines pourries
dans le ciment, le coke et la suie.
Un ministère pour avoir su se taire.
Pour l’autre, un banc dans la rangée d’en arrière.
Dans le même chaudron, le lièvre et la tortue
soufflent sur les braises, suggèrent les épices.
Nous noient dans le bouillon sans poser de question.
La saumure sent sûr, pis ça goûte la pisse,
la peur et la sueur des travailleurs.
Et partout sous nos clochers, dans nos villages,
on en voit tendre la main
pour se servir dans le buffet au passage,
faire du millage sur le retour du train.
Sur les poubelles ou sur demain.
Faisant taire les opinions contraires.
Dans le coin droit, avidement, évidemment,
les pas élus tant que ça,
les petits rois, les petits poids,
la légion de siphons silencieux par choix ou par droit.
La ligue des « gratte-moi » le C.A.
Les ripaillistes déductibles dans la chambre des compères,
le communautariat narcissique et la culture du don à soi.
Parce que l’image, c’est la fondation du pouvoir,
et que le peuple veut surtout croire.
Et sait que charité bien ordonnée
commence souvent où se termine la liberté.
Un ajout de dernière heure.
Pour ne pas passer sous silence
la peine, la rage et les pleurs.
Personne ne fait le bien en chargeant son arme, je pense.
J’irai prier en cachette s’il le faut,
un Dieu d’inclusion et de tolérance.
Le fou ne représente que sa fêlure, et je pèse mes mots.
On n’a rien inventé,
il y en a partout. C’est documenté.
Au-dessus, bien sûr, mais aussi en dessous.
Juste en dessous du dessus.
Qui attendent qu’une bulle crève pour monter
la remplacer.
J’espère qu’ils vont tous se reconnaître.
Ceux que je n’ai pas nommés.
J’aime mieux porter ma parole seul
que de les voir la tripoter de leurs mains crottées.
Ce qui fait que bien souvent je gueule
sans espoir de rien changer.