Comment réussir la transition écologique?

Transition, transformation, décroissance. Peu importe le terme que l’on choisit pour exprimer sa vision, le constat est le même: nous devons modifier notre modèle de développement. Face à la crise environnementale qui nous guette, nous sentons enfin une plus grande impulsion de changement.

La transition doit aussi être sociale

Fort de cette conscience environnementale de plus en plus aiguisée, il est temps de passer à l’action. D’abord soi-même, ce qui est d’ailleurs une bonne façon de vaincre l’écoanxiété[1], car cela nous permet d’agir là où nous avons un certain contrôle. Ensuite, nous devons passer de l’action individuelle à l’action collective. C’est ici que je vous expose une des conditions essentielles, selon moi, pour réussir cette transition : inclure la société. D’où l’importance de parler de transition sociale et écologique (ou socioécologique). Certains diront que, par principe, la transition écologique renferme la dimension sociale. Mais, je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Je crois que l’on doit affirmer clairement que la transition écologique est aussi une transition sociale.

La transition sociale et écologique représente une prise en charge des problèmes que nos modes de vie, de production, de consommation ont engendrés. C’est un ensemble d’actions, de décisions, d’innovations qui nous permettront d’opérer un changement systémique. Donc, on doit à la fois revoir notre modèle énergétique, mais aussi nos valeurs, nos relations sociales, notre rapport à la démocratie, à la consommation.

La contribution de l’économie sociale

Par ses principes et ses valeurs, l’entrepreneuriat collectif a tout ce qu’il faut pour contribuer à l’inclusion du social dans une transition écologique. Inspirée de ma participation à un événement du TIESS en mai dernier, Table ronde sur la transition écologique: «Pas de transition sans société», ma réflexion se poursuit chaque jour. Lors de cette table ronde, René Audet, sociologue de l’environnement, présentait 4 axes pour favoriser cette inclusion de la société : les relations sociales, l’ancrage territorial, la démocratisation de l’économie et la désirabilité.

Pour chacun de ces axes, je perçois le rôle de l’économie sociale. Les entreprises émergent généralement d’une mobilisation autour d’un besoin dont la réponse deviendra un projet d’affaires. Sans le savoir, ces promoteurs-citoyens sont en train de transformer leur communauté, redécouvrent les liens de proximité, tracent une nouvelle identité territoriale. Les entreprises collectives sont également ancrées dans leur communauté. Elles sont dans un rapport de proximité avec leurs membres, usagers, clients. La preuve, selon le Portrait statistique de l’économie sociale en 2016, 75 % des entreprises d’économie sociale servent une clientèle locale ou régionale. Ensuite, pour ce qui est de la démocratisation de l’économie on ne peut pas nier que c’est l’ADN même de ce modèle d’affaires qui nous sort de la primauté du privé et nous parle plutôt de bien commun. Ces entreprises ne sont pas dans une logique de consommation, mais d’une réponse à un besoin. Elles visent une viabilité économique et la rentabilité doit être sociale. Les profits servent à la mission et non à l’enrichissement individuel.

Malgré ses principes, l’économie sociale n’échappe pas à la croissance. L’on préfère par contre parler de changement d’échelle où l’on augmente son impact par l’essaimage, la coopération et la collaboration. Et finalement, les 220 000 travailleurs et travailleuses de l’économie sociale, les 6 millions de membres et les 269 000 bénévoles représentent un bassin extraordinaire de personnes à mobiliser pour atteindre cette désirabilité dont nous parle René Audet et tendre vers une action collective.

Pour conclure, je vous partage des exemples de secteurs d’activités où les entreprises d’économie sociale contribuent à cette transition et pour lesquels nous pourrions collectivement décider d’investir davantage (message à notre gouvernement qui aura à repenser notre économie dans le contexte de la pandémie). Les soins aux aînés pour favoriser le maintien à domicile et des milieux de vie à échelle humaine (EÉSAD, OBNL-Coop d’habitation); la mobilité durable (transport collectif, transport électrique); l’autonomie alimentaire (marché de solidarité, coopérative fermière, forêt nourricière); l’économie circulaire; les fiducies d’utilité sociale (protection du patrimoine, accès aux terres agricoles). Je pourrais ainsi vous faire traverser le Québec pour vous illustrer tout le potentiel des 11 000 entreprises d’économie sociale, mais je m’arrête ici, ma limite de mots est déjà dépassée!

 

[1] Rappelons que l’anxiété a pour but de prévenir notre organisme des dangers potentiels afin de nous inciter à réagir. Ce qui n’est pas mauvais en soi. Un texte intéressant sur ce sujet dans Le Devoir L’écoanxiété peut paralyser le changement social, Mathieu Pelletier, 15 février 2020.

 

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