Les temps changent… et nous aussi!

Des cris de rage partout. Des jeunes qui fracassent les vitrines des magasins. La colère, qui guide les nombreux manifestants, devient vite hors contrôle. Des véhicules de police sont renversés. Bombes lacrymogènes, cailloux et bouteilles deviennent des projectiles dangereux. Même les kiosques à journaux n’y échappent pas, ils sont incendiés manu militari. L’horreur et le chaos.

Le 17 mars 1955 apporte à la métropole la plus importante émeute de son histoire. La décision de retrancher Maurice Richard des séries éliminatoires contribue au climat d’indignation de cette soirée houleuse. On a osé. On a touché à l’idole de la nation. Un symbole intouchable. Inacceptable.

À cette époque-là, tout le monde était Maurice Richard.

Les Québécois ne sont pas reconnus pour être des manifestants de la première heure. Ils critiquent beaucoup mais agissent peu, dit-on. Longtemps, j’ai entendu des commentaires du genre : « les Québécois sont des moutons! » Peut-être un lien vers notre saint patron Saint-Jean-Baptiste? Ou encore est-ce notre passé de colonisés toujours imbriqué dans nos veines? Quoi qu’il en soit, cette attitude de râleur, comme le disent si bien nos amis les Français, m’a longtemps dérangé. Du moins, jusqu’à récemment.

Le printemps de 2012 prend une saveur particulière. Celle de l’érable. En référence au printemps arabe dans les pays du Maghreb, le Québec emboîte le pas avec un mouvement sans précédent. Les « carrés rouges », symbole de contestation et d’indignation de la population étudiante, rassemblent plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de Montréal afin de dénoncer le gouvernement. Du jamais vu. Les Québécois sont indignés et outrés.

Je n’en croyais pas mes yeux. Chaque bulletin de nouvelles apportait la grande détermination manifestée par les jeunes. Je me rappelle m’être dit que cela ne durerait pas. On va s’écraser bientôt devant Goliath. Ça ne pouvait pas durer. L’histoire nous apprend le contraire.

Malgré quelques dérapages inacceptables, j’ai appuyé ce mouvement. J’étais fier de voir que les jeunes pouvaient se tenir debout et croire en eux. Cette fois, l’indignation ne touchait pas une idole ou un symbole national. Et ils ont dit non.

Lors de ce printemps-là, tout le monde était un carré rouge.

En mars dernier, les médias nous annonçaient que les dirigeants de Bombardier avaient reçu une majoration salariale de 50% en 2016. Les cinq plus hauts gradés de l’entreprise se sont partagé une rémunération de 32,6 millions américains. Bombardier a frôlé la faillite et a dû supprimer plus de 14 000 emplois. Et pour ajouter l’insulte à l’injure, l’entreprise a reçu des subsides de plus d’un milliard de dollars du gouvernement. C’en est trop. L’opinion publique décrie maintenant cette situation et s’organise. Des manifestations dans les rues de Montréal occupent la une des médias. Encore une fois, je me réjouis de constater que le Québécois se lève. Fini le temps où il accepte sans rien dire.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas Bombardier. Du moins, pas à n’importe quel prix.

Fleuron national ou non.

Commentaires partagés sur Facebook

ARTICLES CONNEXES