Une affiche m’a interpellé parmi toutes celles qui étaient déposées sur le site de la tuerie d’un jeune de 16 ans dans le quartier Saint-Michel le mois dernier.
« Toi, le politique. Pourquoi venir quand c’est trop tard ? »
J’en ai d’ailleurs partagé la préoccupation avec un des élus qui étaient encore sur les lieux après les discours d’occasion.
Et je ne peux que faire des liens entre les revendications des organismes communautaires qui demandent toujours de travailler en prévention ou en amont, plutôt que de réagir après le drame !
Je parlais de politiser le communautaire dans un blogue avant les élections et en voilà encore la preuve de son importance : les élus cherchent souvent les « causes » visibles, politiquement « payantes », et n’ont pas toujours les leviers ou la volonté politique d’investir en amont sur du « capital patient » moins spectaculaire, comme des activités qui vont rejoindre des jeunes avant que les agents de « promotion rapide » ne les recrutent.
Le travail intégré, global, de concertation avec tous les paliers de gouvernement est fondamental; et même jusqu’à l’international, comme les crises environnementales, les pandémies, les crises migratoires et les guerres nous le rappellent constamment. Mais cela demande une volonté politique d’investir en amont des problèmes et ce n’est pas aussi « payant » électoralement !
Les coupures en santé publique depuis 20 ans (déjà le parent pauvre de la médecine) au profit de la première ligne ou d’appareils sophistiqués nous le démontrent tous les jours.
Est-ce que des élus qui connaissent les organismes communautaires pourraient contribuer à mieux faire connaître, et mieux soutenir financièrement, les organismes communautaires, non seulement pour pallier aux manques dans les services de bases en dépistage ou en soins essentiels, mais aussi en prévention et « capital patient » : l’humain !
J’ai déjà parlé du Forum jeunesse de Saint-Michel qui rejoint patiemment les jeunes, là où ils sont, car ils n’ont pas de locaux adéquats pour organiser des activités : donc ils (gars et filles) « squattent » des locaux communautaires de fortune, lorsque disponibles. Là ils « chillent », ils chantent, ils bouffent, ils jouent de la guitare, ils discutent d’enjeux sociaux, politiques et sportifs, mais aussi de leurs espoirs d’un monde meilleur, pour eux et même pour leurs familles avec lesquelles ils sont parfois en tension.
Quand les jeunes expliquent ce qu’ils retirent de ces activités variées comme expérience, en milieu communautaire ou scolaire, c’est une belle illustration de l’empowerment individuel, soutenu par un groupe/une organisation, pour transformer un quartier, et éventuellement le monde. Leur volonté d’améliorer le quartier, pour en faire un milieu de vie où il fait bon vivre, pour les jeunes et les moins jeunes, est contagieuse. Les valeurs d’ouverture, de transparence, de l’interculturel et l’intergénérationnel, transcendent leurs priorités de favoriser la persévérance scolaire et sociale, l’employabilité et l’environnement. Ils veulent changer le quartier et le monde, par leur implication active : leur vision du développement local est clairement ancrée dans une vision mondiale.
Les jeunes issus de l’immigration connaissent la souffrance et la résilience de la difficile trajectoire de leurs parents et parfois d’eux-mêmes.
Ils subissent souvent les préjugés de la société d’accueil, mais ils gardent une vision optimiste et audacieuse d’un monde meilleur. Ils incarnent les valeurs du développement local intégré, ouvert sur le monde, enraciné dans la démocratie délibérative et active. Ils voteront de façon éclairée, car ils s’informent, s’intéressent aux enjeux locaux, et participent aux instances locales, politiques et communautaires. CertainEs participent même à des exercices comme le parlement école et le conseil municipal simulé.
Ohé! Élues et élus, entendez-vous ?
N’attendez pas le prochain meurtre ! Venez rencontrer les jeunes sur leur terrain. Laissez-vous bousculer par leurs questions; accueillez leur propos avec ouverture, sans complaisance.
Et comme on dit en sport collectif : « Parlez-vous » !
*Suite du blogue du 25 mars 2019 : LES JEUNES : ENCORE UNE SOURCE D’INSPIRATION POUR L’AVENIR
2 réponses
Merci, Jean, de nous faire ce rappel fondamental. Tu es un véritable trait d’union entre les générations! Merci!
Content de le lire aujourd’hui, attristé de l’entendre encore et encore que le communautaire n’est pas écouté!