*Suite du blogue La mobilisation des jeunes: un espoir de justice? du 21 mars 2018
J’ai le privilège (à mon âge!) d’accompagner une gang de jeunes (oui, oui! Une gang, comme dans «regroupement assez libre de jeunes de sources et d’origines très variées»…) qui oeuvre dans le quartier Saint-Michel. Les membres du Forum jeunesse de Saint-Michel ont de 12 à 35 ans et sont d’origines, de couleurs, de langues, de religions des plus diverses. Ils se retrouvent ensemble dans des contextes très informels, mais parfois dans le contexte d’une AGA (prononcée «agua», par plusieurs qui en sont à une première expérience).
Plusieurs organismes communautaires pourraient s’en inspirer comme exercice de prise de parole démocratique, dans la convivialité, dans le respect de la culture urbaine de ces jeunes «issus de la diversité» et avec une perspective d’éducation populaire. C’est un exercice annuel organisé de longue date «par et pour » les jeunes. En fait, c’est devenu un «happening» très couru par beaucoup d’intervenants communautaires et autres adultes, qui en ressortent toujours «énergisés»… et épuisés!
Imaginez un vendredi soir à 22h et on amorce des élections pour les cinq postes au CA, uniquement avec des jeunes! Il y a toujours plusieurs candidatures, parfois deux et quatre fois le nombre de postes convoités! Chaque candidat se présente sur scène pour expliquer pourquoi il veut siéger au CA. Et les participants écoutent avec respect et enthousiasme. Le décompte est parfois long, mais les prestations artistiques des jeunes, pendant le décompte, assurent que personne ne quitte avant les résultats du vote.
Quand les jeunes expliquent ce qu’ils en ont retiré, comme expérience, c’est une belle illustration de l’empowerment individuel, soutenu par un groupe, pour transformer un quartier. Leur volonté d’améliorer le quartier pour en faire un quartier où il fait bon vivre, pour les jeunes et les moins jeunes, est contagieuse. Les valeurs d’ouverture, de transparence, de l’interculturel et de l’intergénérationel traversent leurs priorités de favoriser la persévérance scolaire et sociale, l’employabilité et l’environnement. Ils veulent changer le quartier et le monde, par leur implication active.
Leur vision du développement locale est clairement ancrée dans la vision mondiale : ils sont issus de l’immigration et ils connaissent la souffrance et la résilience de la difficile trajectoire de leurs parents et parfois d’eux-mêmes.
Ils subissent souvent les préjugés de la société d’accueil, mais ils gardent une vision optimiste et audacieuse d’un monde meilleur. Ils incarnent les valeurs du développement local intégré, ouvert sur le monde, mais enraciné dans la démocratie délibérative et active. Ils voteront de façon éclairée, car ils s’informent, s’intéressent aux enjeux locaux, et participent aux instances locales, politiques et communautaires. Certains participent même à des exercices comme le parlement école et le conseil municipal simulé.
Je ne peux m’empêcher de souligner une autre soirée de cette semaine chargée : le lancement des activités du 50e anniversaire du Bureau de consultation jeunesse. Encore une fois, ce sont des jeunes issus surtout de la diversité et de conditions de vie difficiles : mais, quelle énergie et quel enthousiasme pour améliorer le sort des jeunes, dans une perspective de solidarité mondiale! Si jamais on voulait illustrer l’empowerment individuel, organisationnel et collectif, avec une approche globale, antiraciste et anticolonialiste, ce serait un bel exemple.
Si la vie politique vous déprime parfois, venez prendre un bain d’énergie, dans un Forum jeunesse de Saint-Michel ou un bureau de consultation jeunesse près de chez vous : vous serez moins déprimés et vous reprendrez courage pour contribuer à ce développement local ouvert.
Une réponse
Enthousiasme contagieux qui fait du bien! Merci et salutations à ta gang!