Dialogue, dialogue, dialogue! Jean-Marie Petitclerc disait : « le plus difficile dans l’art du dialogue, ce n’est pas de parler, c’est d’apprendre à écouter ». Dans une société où l’on valorise la performance, la réussite, le succès, il est normal de souhaiter que notre idée et notre point de vue soient retenus. L’impression que les autres approuvent et s’abreuvent de nos paroles nous conforte et nous valorise. Pourtant, le dialogue passe beaucoup par le silence et notre capacité à écouter.
Combien de fois comme « dialogueur » prépare-t-on mentalement une réponse dans notre tête à la personne qui nous parle, plutôt que d’essayer de comprendre réellement son point de vue? Oui, mais… Le « mais » qui démontre une opposition, la nécessité de préciser ou de corriger par rapport à ce qui a été dit. Comme si le fait d’ajouter, de justifier ou de contredire rendait nos paroles plus puissantes et notre vision meilleure. Avoir le dernier mot n’est pas un signe de sagesse ou de connaissance. A-t-on seulement pris le temps d’écouter et d’essayer de comprendre? Pour dialoguer, il faut faire preuve d’empathie, c’est-à-dire se mettre dans la peau de l’autre pour saisir ce qu’il est, ce qu’il veut, ce qu’il dit. Sommes-nous revenus à une époque où on manque cruellement d’empathie? Pourquoi se sent-on si menacé quand l’autre ne pense pas comme nous?
Le dialogue ne signifie pas « avoir raison la majorité du temps ». C’est plutôt un acte d’échange, une tentative d’assimiler avec conscience, la différence entre ce que je pense et ce que l’autre pense. C’est comprendre et intégrer nos réalités et aspirations, même si elles sont différentes. Personnellement, je ne me définis pas par ma capacité de convaincre les autres, mais plutôt par mes habiletés à construire ce qu’il y a de mieux avec les idées de tous.
Bien que nos systèmes de valeurs et de références soient différents et que je croie en mes idées, celles des autres proviennent d’un schème différent qui existe pour un ensemble de personnes, donc, elles ont toutes autant de valeur. Si le dialogue a défini des normes sociales, il en existe plusieurs interprétations, compréhensions et applications différentes qui s’harmonisent dans un modèle plus général qui reste le respect des autres au sens des droits et libertés.
J’ai souvent l’impression qu’on vit dans une société où on est plus préoccupé par une liturgie de la parole dont le but premier est de livrer un message coûte que coûte, plutôt que de construire une réflexion basée sur une synergie réelle.
De plus en plus, je sens que les gens sont lapidaires dans une économie de mots qui passent par les réseaux sociaux, textos et autres, de manière spontanée et vide de réflexion. Alors même qu’on envoie le message, la réponse n’est jamais assez rapide, si bien qu’on ne prend plus le temps d’apprécier ses contacts et de réfléchir à la façon de dialoguer vraiment avec eux.
Les nombreux moyens de communication utilisés aujourd’hui facilitent peu le dialogue. Pour moi, le dialogue nécessite qu’il y ait un contact humain et non avec une machine. Celles-ci, bien que souvent utiles pour l’information et les communications, ne sont pas propices au dialogue. Elles nous rendent sourds aux intonations et aveugles aux gestes corporels de la personne avec qui nous voulons communiquer. Résultat, l’interprétation de l’écrit est souvent différente de l’intention.
Aujourd’hui, à la vitesse où nos paroles sortent de notre bouche et nos écrits du bout de nos doigts, on oublie souvent de faire une réflexion sur le sens de l’échange en cours. Dans la mesure où nous sommes capables de vraiment écouter, il est possible de vraiment penser et d’entamer un véritable dialogue. Descartes disait : « je pense, donc je suis ». Si nous oublions de penser, qui sommes-nous?
Ce qui se remarque des personnes charismatiques, c’est leur grande capacité à dialoguer. Pour le faire, ils arrivent à maîtriser le silence, qui est une arme très forte dans le dialogue parce qu’il permet de réfléchir et de faire sentir à son interlocuteur qu’on a entendu ce qu’il dit et qu’on le considère.
Trop de gens parlent pour s’écouter parler, sans avoir pris le temps de considérer réellement les paroles de l’autre. Plusieurs parlent au nom des autres en croyant posséder la vérité, sans se donner la peine de réellement écouter. Pourtant, la vérité apparaît quand on arrive à réellement concilier et construire son discours sur une compréhension commune des intérêts de tous.
Pour dialoguer, il faut faire preuve d’ouverture et cela nécessite une attitude positive. Pour que la parole soit d’argent, le silence doit être d’or.
Une réponse
Juste un immense merci!
Cela me rejoint tellement!