Si le monologue gouvernemental se donne tant de mal
À prétendre être un dialogue social
Ce doit être que la chose a son importance
Pour ceux qui mènent la danse
Alors qu’il est de plus en plus facile
De fabriquer le consentement des masses dociles
Qu’on peut s’acheter de l’image pour un bout de ficelle
Et une élection pour une ritournelle
Pourquoi risquer d’éclabousser le beau linge au pouvoir
Par un exercice de franchise où on récoltera peu de gloire
Tendre l’oreille est impliquant
Qu’elle vienne avec la tête, ou sans
À celui qui a dit déjà, on ne pourra plus
Objecter qu’on ne savait pas et n’avons jamais su
À moins de faire l’effort de ne pas l’entendre
Ce qui est plus fréquent qu’il n’est décent de le prétendre
Les monologues cohabitent très bien
Jusqu’à ce que l’un enterre son voisin
Ou que le bruit ambiant ne serve plus
Que les sourds et les faux-culs
Pour avoir un dialogue on a besoin
D’être au moins deux, ça c’est certain
En moyenne, quatre oreilles sont nécessaires
Et un minimum de vocabulaire
Il faut ajouter la volonté, elle est plus rare
De comprendre l’autre et ses espoirs
Quand dans le jeu on n’a pas le gros bout du bâton
Ni le petit non plus, dans le fond
Qu’on est relégués d’avance au bout merdeux du champ
Pour prendre les balles perdues de temps en temps
Quand le catcheur s’appelle développement
Et que sa mite est en ciment
Quand l’annonceur couche avec le lanceur
Et que l’arbitre se cache, mort de peur
Que le commanditaire se fasse pogner
Et que ça gâche le party
Quand tout est tellement pipé tordu
Et que le tout cuit est tout cru
Faut pas s’étonner de finir par jouer tout seul
Faut pas, après, venir faire la gueule
En reprochant de ne pas vouloir participer
J’y ai cru parfois, aux dialogues venant d’ « en haut »
Aux consultations pudiques et autres jeux de mots
J’ai participé avec vigueur plus qu’avec foi
Avec l’impression d’être seul à nommer le cul nu du roi
Et son bel habit neuf, trop cher, sur notre bras
Et sa horde de courtisans fiers et gras
Quand la vérité dérange, on ne l’entend pas
Ma terre échappe aux gens du pays
Il y a longtemps qu’on ne demande plus notre avis
Quand on prétend le faire, c’est dans une salle pleine de chaises vides
Un décorum castrant, du tapis gris et du café insipide
Ou un chahut incivil polarisé
Entre le peuple fâché, son élu déçu et un policier
Il y aura deux lignes pour les nouvelles
Pas les plus fines ni les plus belles
On pourra se voir à la télé
Pis être contents d’avoir parlé
Personne ne se sera compris
Et on dira qu’on nous a consultés
C’est évident qu’il faut qu’on se parle pour vivre ensemble
Dans un monde idéal, ce serait très normal
On s’expliquerait pour s’entendre
Ce serait le fun et banal
Je le fais, les soirs d’hiver, avec deux ou trois amis à moi
On refait le monde moins fou chaque fois
On change ce qu’on peut plus que ce qu’on doit
Ce que l’on veut plus que ce que l’on croit
Ce n’est pas parfait, même pas proche
C’est mieux que rien, c’est une approche
On a au moins la satisfaction de l’avoir dit
Et d’avoir été un peu compris, on part de là
La plupart des changements commencent comme ça
Une réponse
Merci beaucoup! Je me disais moi aussi qu’une musique pourrait habiller ce merveilleux texte… Quelqu’un s’y met?