Les élections municipales sont malheureusement de plus en plus boudées, surtout dans les grandes villes du Québec. Est-ce le fruit des réorganisations administratives et des fusions qui font perdre les liens de proximité avec des territoires vécus? Est-ce un manque d’information dans des médias, qui nous inondent de choses inutiles? Est-ce le cynisme grandissant à l’égard des affaires publiques ? Est-ce la gouvernance «austéritaire», le populisme, la corruption et le manque de transparence de nos élus?
Pourtant, alors que nous sommes en lien avec la planète entière, de nombreux mouvements sociaux valorisent le local et les liens de proximité, tant sur le plan économique, social que culturel.
Alors pourquoi bouder le municipal qui demeure le premier niveau de démocratie, qui offre même des laboratoires intéressants, quand on pense aux budgets participatifs tentés ces dernières années dans certains quartiers de Montréal, à l’exemple de Porto Allegre.
Si des villes plus petites gardent un sentiment d’appartenance et de fierté, le défi des grandes villes est de retrouver un sentiment d’appartenance à des territoires «vécus» de proximité, qui sont en transformation. Un territoire vécu est ce territoire sociologique dont les résidents partagent des aspirations et des valeurs communes. Plusieurs découpages administratifs ont été imposés par des politiques de «centralisation» et de gestion à courte vue.
Les élections municipales sont une belle occasion de discuter des enjeux de quartier et des rôles des éluEs. C’est le niveau le plus facile à influencer par des mouvements populaires et c’est celui qui peut influencer le plus des rapports de proximité : notamment dans la gestion des transports publics, des lieux de voisinage sécuritaires comme les parcs, le zonage des commerces de proximité, les lieux de pratiques sportives et culturelles, la salubrité des logements.
C’est l’occasion d’organiser des cafés citoyens et des débats publics dans une perspective d’éducation populaire pour mieux connaître les enjeux locaux et les rôles des éluEs sur ces enjeux. Cela permet de comprendre la démocratie de proximité et les liens inévitables avec les autres paliers de gouvernement : pensons notamment au transport public et au logement social, qui dépendent des volontés politiques et des financements des gouvernements provinciaux et fédéraux.
C’est donc une occasion importante à saisir pour impliquer les citoyenNEs dans les débats avec les candidatEs sur le développement local. C’est un temps fort pour mettre de l’avant les efforts d’éducation populaire et de lui donner ses lettres de noblesse comme «éducation citoyenne politique».
Depuis deux mois, dans le quartier de Saint-Michel, à Montréal, plusieurs activités ont été coordonnées afin de profiter de cette tribune pour favoriser l’éducation citoyenne : du démarchage pour rejoindre les résidents là ils sont, des cafés citoyens, une conférence de presse sur l’enjeu des logements sociaux et de l’insalubrité, un forum citoyen sur les grands défis d’aménagement et de mobilité dans un territoire enclavé, des débats publics…Et cela avec des citoyenNEs de 17 à 77 ans, qui votent pour la première fois, dans un nouveau pays d’adoption, ou qui exercent leurs droits de citoyens depuis des années.
On ne peut donc pas parler de développement local, et de transformations sociales, sans parler d’éducation populaire citoyenne. C’est cette réflexion critique sur l’avenir de nos territoires locaux qu’il est important de faire, avec l’ouverture du dialogue respectueux et l’audace de penser autrement la ville et les rapports entre citoyens et éluEs.
Réfléchissons, discutons et VOTONS le 5 novembre.