Le développement collectif, une responsabilité individuelle avant tout!

Dans son édition de juillet, le magazine l’Actualité fournit une intéressante donnée de Statistique Canada, selon laquelle les Québécois sont moins susceptibles que les autres Canadiens d’entretenir des relations d’entraide avec leur voisinage immédiat. Bizarre non? Il semble en effet que nous soyons davantage portés sur les réseaux formels d’entraide, comme les regroupements, les associations, les syndicats. Ou mieux, l’État. Mais la vérité, c’est que l’action collective, avant d’être une affaire d’État, c’est pourtant un geste individuel.

C’est vrai, j’ai une vision plutôt libérale de l’action collective. Je pense foncièrement que les mouvements se mettent en marche grâce à des individus avant tout. Des individus prêts à y consacrer du temps et de l’énergie.

Le développement collectif, ça ne se réduit pas aux réseaux de concertation formels qui émanaient des conférences régionales des élus (CRÉ) ou de toute autre structure de gouvernance locale ou régionale; l’action collective n’a jamais eu besoin d’être aussi structurée ni aussi lourde que ces exemples. Elle peut se décliner en tellement de formes et il serait faux de prétendre que celle-ci est en péril.

Dans toutes les régions du Québec, le nombre de groupes communautaires a augmenté. Des associations de toutes sortes ne cessent de naître. Des organisations de longue date se renouvellent. De nouvelles formes de collaboration se dessinent. Elles impliquent parfois uniquement des bénévoles, parfois l’aide financière de l’État, d’une MRC ou d’une municipalité. Parfois le secteur privé s’y implique substantiellement. Les domaines sont variés : loisirs et sports, culture, vie communautaire, santé, etc.

Il serait faux de dire que ces formes de réseaux collectifs sont le signe d’une société malade. Au contraire, ils sont le signe d’une société vivante et innovante. Certains d’entre eux se chevauchent parfois, alors qu’ils auraient avantage à grouper leurs ressources.

Cela dit, il serait encore une fois faux de prétendre que plus rien n’est à faire de plus. Si l’on souhaite réellement une société plus juste et plus verte, il faudra que davantage de personnes adhèrent à des comportements conséquents. Cette responsabilité nous incombe. Consommer moins, donner plus, beaucoup de Québécois peuvent le faire. Nos gouvernements font déjà largement leur travail d’encourager les changements sociaux, mais dans une société développée comme la nôtre, l’État ne devrait pas avoir à forcer les choix. Il appartient donc aux individus de faire des choix plus viables, justes et écologiques.

Nous organiser au lieu de nous faire organiser…

Nous continuons, les Québécois, à figurer parmi les plus grands consommateurs d’eau au monde. Nous continuons à enfouir plus de matières résiduelles qu’à en recycler. Nous continuons à nous endetter plus que dans plusieurs autres sociétés occidentales.

On peut crier sur toutes les tribunes que nos gouvernements n’en font pas assez. Mais quant à moi, c’est se mettre la tête dans le sable. Chaque Québécois peut penser mieux, agir mieux. À ce titre, plusieurs initiatives existantes démontrent que nous en sommes capables : les programmes d’agriculture soutenue par la communauté (les paniers bios) existent depuis une dizaine d’années maintenant et dans pratiquement toutes les régions. Le réseau des Accorderies se met graduellement en place pour favoriser l’échange de services.

Côté environnement, c’est vrai qu’à part l’adoption massive des sacs réutilisables par les consommateurs québécois, le taux d’utilisation des transports en commun n’a pas connu de hausse fulgurante au cours des dernières années… Espérons que les prochains investissements dans ce domaine contribueront à améliorer la situation. Quoi qu’il en soit, l’intervention gouvernementale dans ce domaine est parfaitement adaptée : mettre en place les moyens pour susciter un changement de comportement, mais sans l’imposer. Même chose pour l’électrification des transports : encourager, pas imposer.

Au final, il est vrai qu’une décision législative pour provoquer le changement est sans équivoque : elle annonce un délai d’exécution et ne pas s’y conformer entraîne des conséquences. Mais elle n’est pas absolument nécessaire. Je refuse de penser autrement! Les Québécois prennent de bonnes décisions tous les jours. Nous sommes donc capables d’en prendre encore de meilleures!

En sommes, les réseaux de concertation et d’entraide n’ont pas à être encadrés par la main de l’état. Ils peuvent être spontanés et périodiques, répondre à un problème précis ou à quelque chose de continu. Ils peuvent se créer entre voisins, dans une communauté entière ou sur le Web à travers toute une province!

Cessons de critiquer nos gouvernements sur les moyens qu’ils mettent en place pour nous mener à bon port. Ils ne sont que notre propre reflet. Regardons-nous. Nous pouvons en faire plus!

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