ZOOM sur notre NOUS collectif à l’ère des p’tits carrés…

ZOOMérantite aigüe dites-vous ? Et si on se donnait les moyens de fonctionner au-delà de ces petits carrés afin d’éviter ces surdoses de connectivité?

Je vous propose une petite réflexion-analyse, pas du tout scientifique mais bien sentie, sur l’inéquation entre l’immense potentiel de ces nouveaux outils de communication collective que sont Zoom, Teams et les autres et les pièges qui y sont rattachés.

Bien sûr, cette réflexion ne concerne pas les webinaires ou formations qui existaient d’ailleurs avant 2020, qui sont structurés et animés (donc codés), mais davantage ces rencontres à répétitions en différentes équipes, comités ou autres, durant lesquelles chaque petit carré individuel essaie de prendre sa place dans la roue collective mais plus souvent qu’autrement maladroitement.

Le défi se trouve dans le fait que cette ère du virtuel perdure dans le temps, sans que nous ayons construit collectivement de nouveaux codes pour cette manière de procéder qu’est le télétravail. Les bonnes vieilles petites tapes dans le dos lors de rencontres d’humains, vous savez, ces rencontres dites en présentiel… Ces rencontres d’humains, inondées de ce langage non-verbal qui nous permet de sentir exactement le bon moment pour intervenir, ces sourires engageants, ces discussions de corridor qui font tant avancer les dossiers sans même que l’on s’en rende compte, cette perception qui s’explique mal mais se ressent, ces leaders informels qui mettent du piquant dans ces rencontres et excellent à orienter le débat… et bien, tout ça n’existe plus – ou du moins existe mal.

On tente de reproduire ces rencontres sur des outils comme Zoom au lieu de les adapter et même les redéfinir, voire les inventer, ces nouvelles façons de communiquer, à travers cette réalité parallèle.

Les petits carrés

Nous voilà donc devant un ensemble de petits carrés bien égaux dans l’écran mais pas dans la réalité. Chaque petit carré tente de prendre sa place afin de contribuer au NOUS, à l’essence du projet qui amène la rencontre. Mais curieusement, ce ne sont pas toujours ceux et celles qui avaient ce don de mettre de l’ambiance et de faire avancer nos traditionnelles rencontres qui sont les plus habiles dans cette nouvelle façon de communiquer.

Les rôles se sont redéfinis un peu comme suit.

Donc il y a ceux…

Il y a ceux qui se trouvent tout à coup une volonté de parler. On les appellera les volontaires. Ils étaient plutôt discrets en rencontres, mais là, de leur salon ou leur bureau, tout de mou vêtus, ils sentent ce nouveau pouvoir et cette nouvelle volonté de prendre leur place. Pour eux, c’est plus que positif, même si c’est parfois un peu maladroit. En souhaitant à tout prix devenir émetteur, ils en oublient parfois d’être récepteur… Attention à la rupture de communication.

Pour d’autres, les inconfortables de l’écran, c’est exactement le contraire. Ne voulant pas interrompre et n’ayant plus les codes directs, le langage non verbal, le rythme des respirations, ils n’osent plus intervenir et ce, même s’ils ont tant à dire. Ils ont même souvent l’air fâchés ou froids, tant c’est difficile pour eux de trouver le timing, et la concentration est donc à son maximum d’éveil. Ils sont en surstimulation neuronales tout le temps, et donc aujourd’hui épuisés mentalement.

Entre les deux extrêmes, il y a les romantiques, les petits carrés qui s’égarent en flattant le chat ou le chien. Il y a les analyseurs qui vont passer une partie des rencontres à observer le décor de chacun et se passer des commentaires ou converser avec d’autres en mode privé dans le clavardage. Il y a aussi les pitonneux, qui n’oseraient pas sortir leur téléphone en rencontre d’humains, mais en virtuel bah… Bref, il y a autant de réalités que d’individus.

Un constat s’impose de lui-même aujourd’hui : une rencontre virtuelle ne devrait pas dépasser deux heures, à moins que celle-ci comporte des ateliers, via des salles privées, pour que de petits groupes discutent entre eux. Sinon, c’est peine perdue. Au bout de deux heures, on a tué notre monde. De plus, nous devrions assaisonner celles-ci, tout comme nous le faisions dans de réelles rencontres, mais en inventant des codes appropriés à l’outil, plutôt que d’utiliser nos vieilles épices… Après tout, on ne chante pas comme on danse !

Comment inclure tout le monde ? Comment faire parler ceux qui ont beaucoup à dire mais n’arrivent pas à prendre leur place virtuellement? Comment ralentir un peu l’enthousiasme de ceux qui prennent toute la place mais sans brimer leur élan et leur créativité? Comment ajouter l’aspect ludique afin de stimuler l’échange? Comment devenir de bons animateurs de rencontres virtuelles ?

Comment transformer nos petites individualités bien carrées en un beau grand rond collectif?

Et puis quand on est deux, pourquoi ne pas utiliser le bon vieux téléphone dont on connait si bien le code? Je parle et tu écoutes… Et vice versa…

Avouez que nous avons ici un beau terrain de jeux à explorer.

Commentaires partagés sur Facebook

7 réponses

  1. Continuons de réfléchir ENSEMBLE sur ces nouvelles manières de communiquer…

  2. D’accord pour la limite de temps pour éviter non seulement la Zoomérantite aigüe (j’aime bien!), mais aussi l’épuisement. Les contraintes de confinement nous permettent de comprendre que l’échange ne passe pas seulement par le mots… Merci!

  3. Un article tout à fait à propos qui met en valeur un enjeu nouveau et dont on doit discuter! À lire!

ARTICLES CONNEXES