Ce sacré Internet haute vitesse!

Le rythme de notre capacité à développer nos communautés au Québec, afin de faire face aux multiples enjeux que causent et causeront les crises sanitaires, économiques et écologiques, sera-t-il proportionnel à la vitesse de notre Internet? Sera-t-il aussi variable d’une région à l’autre que la disponibilité du réseau?

Quand mon conjoint et moi avons fait le choix de nous établir en région, nous recherchions une maison à moins d’une heure de Montréal. Jamais, lors de mes recherches, je n’avais pu imaginer qu’aussi près de la grande ville, l’accès à Internet pouvait être aussi difficile, voire inexistant.

Bon, avant de continuer, commençons l’histoire du début.  Après un saut de carrière, j’ai vécu pleinement une entrée en poste dans un nouvel emploi en plein éclatement de la pandémie de la COVID-19. Une entrée assez particulière. Après seulement quelques semaines au Collectif des partenaires en développement des communautés, le 13 mars arrive. Ce fameux jour où tout a basculé. Ou soudainement, le télétravail est passé d’un privilège à une obligation. C’est à ce moment que j’ai réellement pu apprivoiser mon Internet haute vitesse.

Nous avons tous vécu ce moment de réorganisation; nos maisons sont devenues nos bureaux. Notre Internet, notre nouvelle connexion essentielle avec nos collègues, nos clients, nos bénéficiaires, nos membres, notre conseil d’administration, bref avec tout. Distanciation physique oblige!

L’action collective et le développement de nos milieux 2.0

Les premières semaines du confinement ont été un moment de réorganisation, de fermeture; un temps de pause pour certains ou d’urgence pour d’autres. Des distributions alimentaires qui ont dû se réorganiser; la livraison d’épicerie et autres produits essentiels; les acteurs terrain de nos milieux qui ont dû revoir leurs pratiques à la vitesse grand V. Des entreprises privées aux organisations communautaires, aux écoles et aux citoyens. Tous secteurs et toutes personnes confondus!

Dans les premiers jours, le téléphone, nos ordinateurs, notre Internet à basse ou haute vitesse faisaient l’affaire. C’était l’urgence, on s’organisait du mieux que nous pouvions avec ce que nous avions. Je trouvais même ça amusant de voir mes collègues « gelés » à l’écran. Mais, le temps et le confinement se sont étirés et l’idée de retour au bureau à la normale s’estompait de plus en plus. Bref, j’allais devoir m’organiser avec mon Internet moyennement haute vitesse.

Après quelques semaines de confinement et la réorganisation des services d’urgence sur le terrain, les acteurs du développement de nos milieux devaient continuer de se concerter. Plus que jamais travailler ensemble est essentiel pour faire front commun à la crise. Plus le retour à la normale ne semble pas une solution, plus le besoin de réorganiser les services, actions et projets de nos milieux est devenu une nécessité à plus long terme. Comment faire? Les rencontres sont impossibles, les bénéficiaires ne peuvent pas se déplacer, les jeunes de nos villages doivent rester chez eux, la distanciation physique nous oblige à revoir nos pratiques. C’est là que la magie de l’Internet arrive. Des outils fantastiques sont disponibles : Zoom, des applications, des plateformes, etc. Les entreprises de télécommunication et de services et applications en ligne sont plus que jamais sollicitées.  Plus le temps avance, plus l’action collective et le développement de nos milieux s’organisent via Internet. Une transformation importante au Québec, à une rapidité incroyable, comme celle avec laquelle la crise nous a surpris. On innove pour faire face à la situation et au besoin de continuer de répondre aux enjeux de nos milieux.

C’est fascinant de voir comment nous sommes résilients et que nous avons innové. Je suis souvent émue par le travail acharné des acteurs de nos organisations et de leurs capacités à trouver des solutions rapidement. Des rencontres d’équipe en ligne, des entrevues en ligne, des présentations en ligne, des formations en ligne, des maisons de jeunes en ligne!  Mais là, le en ligne, l’Internet, je vous l’ai dit, il n’est pas tellement haute vitesse chez nous. C’est là que ça se complique, parce que nous sommes plusieurs aux Québec dans cette situation. En fait, nous sommes une sacrée gang à avoir accès à un Internet limité, voire pour plusieurs inexistant.

L’inégalité et l’injustice de notre réseau

Dans cette crise, plus que jamais, le questionnement sur l’accessibilité de l’Internet comme un bien essentiel est important. Selon le Portrait numérique 2018 des foyers québécois du Cefrio, on dénombrait que 92% des foyers (94% avec la connexion cellulaire) disposaient d’un accès à Internet. Donc, entre 6% et 8% de la population n’a aucun accès à Internet. Cette statistique en cache aussi une plus grande encore, soit celle de ceux et celles dont l’accès est limité ou pas suffisant. D’une région à l’autre au Québec, c’est très variable. Ainsi, l’endroit où demeurent les Québécois influence grandement leur capacité à continuer d’être en télétravail dans cette crise, à recevoir des services qui se sont transformés en ligne, à être informés, bref à s’adapter aux métamorphoses que nos communautés vivent.

Nous ne devons pas non plus passer sous silence tous ceux qui ont accès, mais qui ne maîtrisent pas les outils informatiques, les analphabètes, le coût de l’Internet et des ordinateurs, etc. Bref, l’accès à cette nouvelle réalité 2.0 de nos milieux n’est pas la même pour tous.

Que faire à partir de là? Chez nous, je me suis organisée pour rester connectée. Tous n’ont pas cette chance. L’Internet et ses nombreux outils sont une mine de ressources pour développer nos milieux et continuer de se mettre en action collectivement pendant cette crise. Pour consulter la population, tenir des assemblées citoyennes, des rencontres, l’Internet sera l’outil pour être en action ensemble malgré la crise et la distanciation physique.  Mais, les personnes plus isolées, les plus vulnérables ne doivent pas être oubliées. Le téléphone est toujours un outil pour les joindre, des rencontres en personnes pourront aussi reprendre tranquillement.

Je salue mes anciens collègues de la MRC de Maskinongé qui travaillent activement afin de trouver des solutions à la connexion Internet. Chez nous, ils ont créé Maskicom. Une belle initiative qu’on retrouve aussi ailleurs afin de développer les couvertures d’Internet partout au Québec.

La crise a soulevé et soulèvera de nombreux enjeux dont celui de l’accessibilité au réseau Internet, mais aussi de s’assurer que tout le monde ait les capacités et les outils pour participer à cette action collective 2.0.

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