Avez-vous dit Démocratie?

Avec tout ce qui s’est passé au cours des dix-huit derniers mois, et dans un contexte pré-électoral fédéral où on achète littéralement le vote des citoyens, je trouve que ces mots, écrits il y a déjà quelques années, sont d’une attristante actualité. Je vous les soumets donc…

C’est triste à dire, mais force est de constater que la démocratie s’effrite… Elle est en déficit de ses citoyens!

C’était en novembre 1976! Je m’en souviens comme si c’était hier… Pour la première fois, j’avais le droit de voter à une élection; pour la première fois, j’allais exercer mon devoir de citoyenne. J’avais lu les messages des candidats, j’avais écouté leurs discours avec attention, je participais aux assemblées et aux rencontres des partis, il y en avait trois principaux à l’époque. Bref, je vivais pleinement le fait démocratique. Après les années de grande noirceur et une révolution pas si tranquille que ça, on sentait une réelle effervescence citoyenne et le goût de s’occuper de nos affaires.

Depuis cette date, je n’ai jamais cessé de suivre avec beaucoup d’intérêt la chose politique, que ce soit au niveau municipal, provincial, fédéral, scolaire ou même professionnel. Chaque élection m’interpelle, à quelque niveau que ce soit, et je me fais un devoir non seulement de voter, mais aussi de suivre le quotidien des choses, l’évolution des pensées et des actions.

Au Québec, tout comme au Canada ou dans nos institutions, nous vivons avec cette impression de démocratie, dans une société portée par des valeurs convenues et partagées où chacun trouve sa juste place. Mais l’analyse attentive fait rapidement céder ce vernis, devenu si mince qu’il craque de partout. Et à y regarder de plus près, on aurait toutes les raisons de s’inquiéter…

Quand nos élus s’arrogent petit à petit des droits et des prérogatives normalement dévolus aux assemblées démocratiques, sans que quiconque n’ait son mot à dire, quand le pouvoir se concentre de plus en plus dans les mains d’un seul élu, le premier ministre, le maire ou le président, et que même ses colistiers ne réagissent pas, quand la presse, instrument essentiel de l’expression démocratique, est elle-même bâillonnée ou pire, contrôlée par les groupes d’intérêt associés aux élus, directement ou plus subtilement, je m’inquiète!

Mais, pire encore, non content de ces contrôles qui sont déjà à contresens de toute démocratie, quand le chef a l’arrogance de se croire tout permis au détriment des populations et quand les élus eux-mêmes sont bâillonnés au profit de fidèles soldats à la solde du chef, et que les apparatchiks prennent le pas sur les personnes légitimement élues, là je ne peux plus me taire!

C’est triste à dire, mais force est de constater que la démocratie s’effrite… Or, malgré ses limites, la démocratie s’appuie tout de même sur une idée forte, celle de la responsabilité citoyenne. Dans ce système, chaque citoyen a le devoir de s’occuper du bien commun, à chaque jour, en tout temps! Pas seulement au moment de voter!

Notre démocratie est en déficit de ses citoyens! En manque de ces personnes responsables et engagées qui se mêlent de leurs affaires. Alors ce n’est pas pour faire joli que l’on suscite le débat et les échanges, c’est parce que c’est la seule façon de réellement mobiliser la population, d’avoir un œil sur ce qui se décide et de contribuer à modeler la société dans laquelle nous évoluons.

Il y a donc lieu dès maintenant de secouer ce laxisme qui, dans sa manière même de concevoir et de laisser aller la démocratie, ne donne ni dignité, ni identité, ni fierté à nos communautés, à nos organisations et à l’ensemble de la société.

Notre société a un urgent besoin de ces citoyens engagés, capables de proposer une vision de leur coin de pays, de la partager et de travailler à la réaliser. Pas seulement des personnes qui cherchent à se faire élire, mais aussi et surtout des citoyens prêts à contribuer aux débats et à l’action, fiers d’alimenter la vie sur leur territoire, participant à le dynamiser et à le développer de façon durable.

En constatant ce qui se passe en ce moment au Québec, avec l’ombre des élections fédérales qui auront lieu à l’automne, il serait grand temps de retrouver ce citoyen engagé au fond de chacun de nous. Car il est de ces silences qui font beaucoup de bruit…. Et le silence citoyen actuellement nous fait tous plus de tort que de bien. L’occasion est belle de s’interroger, d’approfondir, bref, de retrouver et de vivre pleinement la démocratie.

Ne nous en privons surtout pas. Nous en avons tous, collectivement, terriblement besoin.

 

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