Tous les acteurs et actrices impliqués en développement des communautés le savent bien, l’économie sociale est un formidable outil pour bâtir des milieux de vie qui répondent aux besoins des citoyens et des citoyennes. Pourtant, le mouvement de l’économie sociale est toujours dans l’attente du nouveau plan d’action gouvernementale en économie sociale (PAGES). Le dernier plan gouvernemental est arrivé à échéance en mars 2020 et, depuis ce temps, le gouvernement ne fait que repousser la date de dépôt d’un nouveau plan d’action. Les organisations nationales, régionales et les entreprises d’économie sociale retiennent leur souffle et surtout leurs projets de développement dans l’attente de connaître quelle sera l’orientation gouvernementale.
Rappelons-le, l’économie sociale a joué un rôle fondamental depuis des années dans le développement de nos régions. Que ce soit sous la forme coopérative ou sous la forme OBNL (organisme à but non lucratif), des milliers d’entreprises ont vu le jour pour répondre à des besoins sociaux et avec un fonctionnement démocratique. Elles se sont retrouvées souvent dans des secteurs que l’entreprise privée ne voulait pas couvrir par peur des risques ou faute d’une marge bénéficiaire suffisante.
Les caisses Desjardins sont nées de cette manière. Les petits producteurs agricoles ont pu se sortir de la misère par les coopératives agricoles. Tout un réseau d’habitations communautaires a vu le jour pour répondre à des besoins essentiels de logements, pour ne nommer que ces quelques exemples. Le réseau des centres à la petite enfance (CPE) et celui des entreprises d’aide domestique sont devenus des incontournables dans notre société.
À l’heure où nous avons besoin d’une relance économique, mais une relance qui nous permettra de faire une transition écologique pour assurer notre survie, l’économie sociale doit être de nouveau mise à contribution. Nous ne pouvons pas sérieusement penser une transition écologique en profondeur sans assister à une certaine démocratisation de l’économie. Et cela, l’économie sociale le permet. Il faut réorienter une partie de notre économie dans la réponse à la crise climatique et accentuer la production locale. Déjà, à l’extérieur des grands centres, il existe des réseaux collectifs de transport sous la forme d’OBNL. Des entreprises d’économie sociale développent l’autopartage. D’autres sont à mettre en place des projets avec les producteurs agricoles pour éliminer le gaspillage alimentaire. Les énergies alternatives et l’efficacité énergétique font également partie du travail fait par des entreprises d’économie sociale. Une relance qui ne peut négliger par ailleurs les besoins sociaux tel prendre davantage soin de nos personnes âgées.
Bref, le Québec a besoin de l’économie sociale. Le gouvernement caquiste doit maintenant livrer la marchandise et nous dire où il se situe par rapport à cet outil de développement. La crise de la COVID ne peut excuser ce retard car, au contraire, elle renforce le besoin de cette force vive qu’est l’économie sociale pour mettre l’épaule à la roue. Il est minuit moins une. Espérons que ce sera bientôt et que ce ne sera pas un rendez-vous manqué.